999 - À l'aube de rien du tout 1. Tome 1/2

F rères et sœurs, Sylvain, Séretta et Titène, ont décidé de fuir les brimades et les violences du monastère. Un étrange chat les accompagne, c’est même lui qui leur a soufflé l’idée de leur destination : la mer. Leur route, semée d’embûches et de rencontres, est longue, mais l’espoir d’une vie meilleure les porte, jusqu’à présent en tout cas.

Récit moyenâgeux mystique à peine mêlé de fantasy, 999 à l’aube de rien du tout (adapté du roman éponyme de Claude Daubercies) offre une vision caricaturale de son époque. Tenu par la main de fer (et de feu) d’un clergé égoïste et fanatique, le peuple souffre en silence. Il faut bien des misères à cette fratrie pour oser s’affranchir et aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte (l’océan dans le cas présent). Des personnages formatés et limités – tant les héros que les méchants – et des péripéties classiques – fuite dans les marais, troupe de saltimbanques – servent de cadre à cet album digne des grandes heures de la collection Vécu. L’ensemble est soutenu par de nombreux dialogues parfois ampoulés et souvent répétitifs. Denis-Pierre Filippi avance à gros sabots dans les ornières d’un académisme de bon aloi. Résultat, tel la herse qui sait faire fi des mottes les plus coriaces, le message passe (quel qu'il soit, ce n’est pas très clair au final).

Avec un encrage généreux et très bien posé, Marco Bianchini illustre efficacement cette course vers l’inconnu. Là aussi, les amateurs de belles compositions et de réalisme seront séduits. Le découpage et la mise en page s’avèrent également au point, à la fois dynamiques et parfaitement lisibles. Les vues sylvestres, tout particulièrement, profitent de l’extrême finesse du trait du dessinateur de François sans nom : rarement la forêt aura été si bien montrée.

Trop allégorique et ultra-réducteur, ce premier tome (sur deux annoncés) de 999 à l’aube de rien du tout peine à soulever l’enthousiasme. Reste l’excellent travail graphique de Bianchini, celui-ci sauve « la baraque », du moins pour l’instant.

Moyenne des chroniqueurs
5.0