La geste des Chevaliers Dragons 24. Les Nuits d'Haxinandrie

D ans le port d'Haxinandrie, y a des marins qui boivent et des marchands qui trinquent. Tarek Lorta vient de faire affaire avec Solisbury, un trafiquant d'esclaves, qui l'informe d'une vente aux enchères intéressante non loin de là. Quelle foule ! En effet, les articles sont de toute beauté : étoffes, épices, armes...et une écuyère chevalier dragon. Cette vision incommode Tarek, mais surtout son ombre, son garde du corps, son âme soeur, Orka. Cette vétérane de l'Ordre, qu'elle a quitté il y a une quinzaine d'années, a du mal à contenir sa colère. Mais en terre étrangère, mieux vaut se taire. Pensant se remettre de leurs émotions dans une auberge, le couple subit une attaque violente dont la guerrière ne sortira pas vivante. Attention, il ne faut pas s'attaquer à un Lorta car, que vous soyez puissant ou misérable, son jugement sera implacable.

La série prolifique La geste a un contexte précis : les lieux occupés par un dragon sont progressivement souillés par le «veill», un mal qui affecte également les humains, la faune et la flore. Tout s'avilit et finit par dépérir. Seules les femmes vierges sont immunisées contre cette infection. La caste des Chevaliers Dragons, composé de pucelles, a été instaurée pour lutter contre cette engeance.

Ange, scénariste aux commandes de chaque tome, ne livre pas ici sa partition la plus inspirée. Point de créature cracheuse de feu ou de «veill», mais une histoire classique de revanche, teintée de romantisme et de rébellion contre la hiérarchie sociale. Certes, les moyens employés sont intelligents, pas de règlements de compte à coups de poing, mais une conspiration destinée à ronger les liens des bourses bien remplies. Le rythme est équilibré, sans réel suspense ou rebondissement étourdissant. Le binôme principal est sympathique mais sans charisme. Au final, le récit se lit rapidement et s'oublie à l'avenant. Le collectionneur pourra ranger cet épisode aux côtés d'autres bien meilleurs, en se demandant tout de même quand la fin va tomber.

Stéphane Collignon (Lex, Neurotrans) livre un graphisme réaliste efficace, mais sans réelle personnalité. Son encrage est assez chargé, donnant un rendu pas forcément esthétique avec des personnages un peu raides dans les scènes d'action. Ces dernières ont d'ailleurs tendance à charger la mule en onomatopées et en trait de balayage. Les plans rapprochés et les portraits sont nettement plus convaincants.

Peut-être l'aventure de trop ? Le manque de souffle et d'originalité indéniables ne sont guère rattrapés par le dessin, trop conventionnel.

Moyenne des chroniqueurs
5.0