Miss Peregrine et les enfants particuliers 2. Hollow City

J acob et ses nouveaux amis ont décidé de quitter l'île et sa boucle temporelle pour aider Miss Peregrine. L'heure n'est plus à la fuite, le jeune garçon le sait, le monde qu'il a découvert et sa « particularité » ont trop d'importance à ses yeux pour retourner auprès de ses parents et tout oublier.

Grand prix de l'imaginaire en 2015, dans la catégorie Roman étranger Jeunesse, Miss Peregrine et les enfants particuliers ainsi que sa suite, Hollow City, sont devenus de véritables phénomènes des deux côtés de l'Atlantique. Avant le film de Tim Burton en 2016, le créateur lui-même, Ransom Riggs, s'est associé à l’illustratrice Cassandra Jean pour en livrer une version « Graphic Novel ». Après le premier tome en 2014 (2013 pour la V.O.), BD Kids publie ici la version française du second (la V.O. est sortie en 2016).

Suite directe des premières aventures de Jacob Portman, cet opus repart sur les mêmes bases, le cadre est installé et l'action peut avancer. Ransom Riggs prouve rapidement qu'il est à l'aise avec les codes de la narration de la bande dessinée ; il parvient à recréer la tension née lors des dernières pages du précédent ouvrage, l'entretenir et jouer avec. Ainsi, au fur et à mesure que la fuite des enfants se transforme en quête puis en combat, le scénariste parvient à faire grandir l'intérêt tout en creusant la psychologie de ses personnages. Le mélange fantastique entre magie et vieille Europe continue de prendre et tandis que ce monde gagne en épaisseur et dévoile quelques-uns de ses recoins,l'intrigue s'achemine doucement vers son point d'orgue. Les révélations s'enchaînent aussi facilement que chaque « particulier » trouve sa place et son utilité. L'auteur imprègne une cadence plus élevée, notamment par plus d'action, et fait de l'évolution du héros lors des affrontements entre lui et ses compagnons de route d'une part et l'alliance Sépulcreux-Estres d'autre part, le fil rouge de son récit. L'habile alternance entre moments calmes et plus tendus a pour effet de rendre la lecture pleinement immersive, même si elle peut sembler prévisible par moments, jusqu'à l'ultime planche.

Cassandra Jean l'accompagne à merveille. Son trait à la fois fin, jeté et élégant lui permet de matérialiser avec à propos les situations sans pour autant se perdre dans les détails. L'essentiel est retranscrit, la lourde ambiance, l'atmosphère pesante, le stress de cette course-poursuite, la peur comme les doutes et l'espoir qui traversent les protagonistes. Cette économie d'effets se retrouve également dans la représentation des créatures. Très sobre, elle possède toutefois ce qu'il faut d'angoissant pour marquer sans traumatiser. Reprenant l'une des caractéristiques des romans, avec le même bonheur, l'artiste n'hésite pas à insérer des photographies d'époque dans ses planches. Enfin, s'il reste un peu austère, le noir et blanc, parfois rehaussé de couleurs pour matérialiser certains pouvoirs, contribue au climat particulier (sans jeu de mots) de cette aventure.

Le passage au médium bande dessinée est réussi, Hollow City garde l'attrait et le mystère qui ont fait son succès, tout en donnant forme de manière convaincante à l'environnement imaginé par son auteur. Avec une tension et un rythme savamment dosés, les fans de la première heure devraient être comblés et les novices charmés par cette série envoûtante et prenante.

Moyenne des chroniqueurs
6.0