Mousquetaire (Duval/Calvez) 2. Éloïse de Grainville

1666. Alexandre de Bastan a fui Londres en flammes en emportant de précieux documents, mais son jeune second y a laissé la vie. Il rallie Dieppe où ses supérieurs lui demandent de surveiller les mouvements des flottes hollandaises et anglaises en pleine guerre. Il en profite pour retrouver Eloïse de Grainville, sa jolie fiancée, elle-même en mission secrète pour Madame de Locuste. Alors qu’à Versailles et dans les manoirs, intrigants, courtisans, ministres et souverain jouent une drôle de partie, les tourtereaux s’interrogent sur les visées de leurs employeurs respectifs décidément bien éloignées de leurs idéaux.

Ce deuxième tome de Mousquetaires s’inscrit dans la continuité du premier volet, en pointant, cette fois, le projecteur sur l’accorte dame de compagnie et ses secrets. Le lecteur en apprend plus sur les motivations de celle-ci et les raisons de son dévouement aux menées bien peu orthodoxes de sa patronne réelle, découvrant par-là le choix cornélien auquel s’expose la belle. D’un autre côté, il peut ressentir tout le désabusement d’Alexandre de Basan eu égard aux sales besognes qui lui sont confiées et prendre la mesure des différents fils d’une trame à la fois réaliste et intéressante, malgré un certain classicisme. Doté d’un ton à l’arrière-goût un peu amer, la narration suit tranquillement son cours et permet à chaque élément de s’imbriquer sûrement avant que l’action ne s’emballe – enfin – dans les dernières pages. Quoique la succession des événements ne laisse guère de place à une franche surprise, la mise en scène, elle, sait se montrer piquante en regard du texte et de quelques clins d’œil, comme dans le passage presque théâtral du souper chez le duc d’Aubette où tout se noue.

Au dessin, Florent Calvez livre une copie de bonne facture, sans être exceptionnelle. Si son trait et les hachures qui le caractérisent conviennent bien à l’atmosphère décrite, il est dommage que ses personnages pâtissent d’un rendu un peu statique. En revanche, il sait se montrer convaincant au niveau des décors, entre autres architecturaux, plutôt soignés. Enfin, la colorisation de Delph vient enrober l’ensemble de ces teintes automnales, quelque peu plombées de gris à l’instar d’un ciel plutôt pluvieux.

Classique à bien des égards, ce second volume se lit toutefois avec plaisir et permet d'en savoir davantage sur les protagonistes. Une suite honorable donc.

Moyenne des chroniqueurs
6.0