Mushroom 1. Tome 1

L e climat est lourd sous les latitudes du Pacifique. Pour le laboratoire de génétique, l'équipe scientifique effectue sa collecte d'échantillons sur l'île, mais le ton monte. Serait-ce à cause de l'éclipse imminente, de certains membres qui n'en font qu'à leur tête ou de cette sensation d'être observé en permanence ? Quoi qu'il en soit, l'origine de leurs disparitions reste mystérieuse. Trente ans plus tard à Tokyo, une famille est retrouvée massacrée dans un appartement, le père se serait suicidé après avoir commis l'impensable. Ce fait divers sordide touche de très près Rin Tachibana puisque c'est son grand-père, agent immobilier, qui a découvert les corps. La vie bien ordinaire du jeune homme risque d'être chamboulée mais la question principale demeure en suspend : quel est le dénominateur commun entre les deux événements ?

Après 6000 et Les oubliés, Nokuto Koike revient avec, de nouveau, une quadrilogie. Plutôt que dans l'originalité des scénarios, son talent s'exprime dans l'instauration progressive d'ambiances angoissantes et surnaturelles. Dans Mushroom, le mangaka prend ici le concept de huis clos dans une première partie, pour l'élargir à la capitale nippone dans la seconde. Le mystère autour de l'expédition dans la jungle reste opaque, le parfum de menace et de paranoïa plane et s'intensifie au fil des pages, tandis que le récit acquiert de la consistance et du fond. De nombreuses réponses sont déjà offertes, à tel point que le lecteur se demande ce que les autres tomes apporteront dans ce domaine. Ce léger déséquilibre serait le seul reproche à faire. Rin semble ne pas être le héros de l'histoire, en effet, un étrange protagoniste, très au courant du virus, est en passe de lui damer le pion dans les derniers instants, injectant en cela une petite dose de suspense alléchante pour les prochains épisodes.

Le style réaliste joue beaucoup sur les ombrages pour retranscrire le côté lugubre, avec des décors sombres qui restent très lisibles de par les encrages soignés. Les scènes gores, bien dosées, sont convaincantes et ne font pas dans la surenchère d'hémoglobine. L' immersion grâce à cette patte graphique de qualité, est vraiment indiquée pour le genre.

Un volume de mise en place qui, en dépit de l'impression d'offrir une résolution précoce, parvient réellement à intriguer et procurer de sympathiques frissons. Allez-y, l'abus de Mushroom n'est pas dangereux pour la santé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0