XIII Mystery 11. Jonathan Fly

F ocus sur Jonathan Fly, le père adoptif du peut-être futur XIII (pour plus de détails voir la série mère, bien évidemment) et reporter-polémiste marqué à gauche que le pouvoir en place avait « cassé ». Sa carrière brisée, il s’était résolu à vivre caché dans un bled perdu aux pieds des Rocheuses. Et si cette destination n’avait pas été le fruit du hasard ? Et si, en fait, c'était une raison bien précise qui avait mené le journaliste et son fils à Greenfalls ?

Série mêlant hommage et défi scénaristique (sans compter une bonne dose d’opportunisme commercial), XIII Mystery offre surtout un prolongement apprécié par tous les fans des aventures du célèbre héros créé par Jean Van Hamme et William Vance. Luc Brunshwig et TaDuc se penchent sur un personnage-clef de la saga en se concentrant sur les quelques semaines précédant la tragique Nuit du 3 août. Pour ce faire, le scénariste a pratiquement calqué son récit sur le diptyque Dossier Jason Fly/Nuit du 3 août, tant sur le fond que dans la manière. Le lecteur y retrouve une intrigue s’écoulant sur de nombreuses années, une galerie de personnages (des connus, des nouveaux) bien pensée et de multiples retours en arrière exposant une fois de plus les démons d'une certaine Amérique. L’ensemble est impeccablement construit et se glisse naturellement entre les épisodes déjà existants. Certes, les plus chagrins pourraient reprocher à Brunschwig de singer le travail de Van Hamme, tant l’écriture et les développements collent à l’atmosphère « XIII ». Ce n’est pas du tout le cas, la sensibilité propre du créateur du Pouvoir des Innocents est bien présente, particulièrement quand il parle des relations entre ce père obnubilé par sa « mission » et son fils ou le malaise social que celui-là dénonce au mépris de sa sécurité. Respect de l’esprit du titre et souffle dramatique sincère, la rigueur et la tenue de la narration sont en fait admirables.

Pour les illustrations, TaDuc propose une saisissante approche réaliste vraiment très fouillée. L’immersion dans ce petit microcosme est totale. De plus, le dessinateur réussit, grâce à un découpage savant et une mise en scène léchée, à insuffler une réelle dynamique à ses planches. La caméra virevolte presque à donner le tournis, mais tombe toujours au bon endroit dans les moments clefs. Dernières louanges, les excellentes couleurs de Bérengère Marquebreucq se joignent à la fête. Les flash-backs, traités en bistre, ainsi que les superbes scènes nocturnes démontrent une maîtrise impressionnante et ajoutent énormément de justesse à l’entreprise.

Peut-être le meilleur opus de la collection en date, Jonathan Fly est bien plus qu’une énième pièce rapportée. Sans toucher à l’édifice principal, l’album apporte un lot d’informations inédites qui enrichissent réellement la psychologie des différents protagonistes.