Demo

M arie, Samantha, James, John, Joan… ne sont pas des jeunes gens qu’il est convenu de qualifier de communs. Chacun possède un don qu’il porte telle une croix. En près de quatre-cents-soixante-dix pages, Demo, s’attache à leur histoire.

Sortie en épisodes en 2003 et 2011, Glénat transpose de ce côté-ci de l’Atlantique l’intégrale initialement parue chez Dark Horse en avril 2015.

Que se passe-t-il dans la tête d’un adolescent lorsqu’il prend conscience qu'il n'est pas comme les autres ? Que faire, une fois adulte, de cette particularité qui vous marginalise ? Brian Wood propose une réponse, pour être précis, dix-huit. En autant de chapitres, il décrypte l’affect de ses personnages et leur cheminement vers une normalité rêvée ou une différence assumée. Demo se singularise par la faculté de Wood à plonger véritablement dans la psyché tourmentée de ses héros et à errer dans les méandres de leurs sentiments et émotions, sans fioritures, mais avec une pertinence et une justesse rares.

Face à des scénarios aussi denses, le dessin de Becky Cloonan tient grandement la comparaison. D’abord fortement inspirée par les productions nippones, la graphiste sait évoluer vers de nombreux registres avec une facilité déconcertante. Du trait épais de Séparation, au jeu des encrages dichotomiques de Un fusil dans les mains, de la maturité des lignes de Les anges éveillées, au réalisme de Tiraillée, la jeune dessinatrice se promène dans de multiples univers graphiques du plus naïf au plus travaillé démontrant tout le chemin parcouru depuis 2003 par une artiste qui scénarise désormais The Punisher et dessine Batman chez DC Comics.

Étrange autant qu’inclassable, Demo est à lire en plusieurs fois ou à dévorer d'une seule traite !

Moyenne des chroniqueurs
7.0