Hibakusha

À force de compromis, Ludwig est passé à côté de sa vie. Fidèle au principe de « neutralité » dont il s’est fait une règle, il sert comme interprète et sans état d’âme un Reich aux abois. Une mission au Japon le ramène au pays d’un Soleil levant qui l’a vu naître et qui pourrait enfin illuminer son existence…

Adapté par Thilde Barboni, d’après l’une de ses nouvelles, Hibakusha est le récit de la rédemption d’un petit fonctionnaire transparent dans un monde qui a basculé dans l’horreur. Dans un archipel qui désormais subit, une rencontre improbable éveille en lui la conscience tardive des atrocités que les régimes nippon et allemand commettent. Mais sa révolte comme son bonheur ne seront que de courte durée, réduits en cendres par le feu nucléaire qui s’abat sur Hiroshima en ce 6 août 1945. Mais résumer cet album à une belle histoire fusse-t-elle de cœur serait réducteur car il permet une métaphore qui rappelle à notre mémoire le sort de ceux qui survécurent à l’explosion qu’au prix de terribles souffrances.

Pour traiter un sujet aussi dur, Olivier Cinna prend un parti graphique qui tient à la fois de l’Occident pour son réalisme et de l’Orient pour son symbolisme, le tout avec une recherche esthétique dans le trait et la composition qui semble vouloir oublier la barbarie d’un conflit mondial qui alla au-delà de l’inimaginable.

Graphiquement des plus réussis, Hibakusha hésite cependant à choisir son registre et, par ses nombreuses ellipses, laisse trop de choses dans l’ombre d’une guerre qui appairait finalement qu’en pointillés. Reste que l’amour est un sentiment qui s’inscrit aussi bien dans les cœurs que dans la pierre…

Moyenne des chroniqueurs
7.0