Le vétéran 1. Le Vétéran 1/2

À Rouen, en 1798, Jeanne et Adrien vivent un amour impossible. Il est musicien miséreux ; elle est issue d’une riche famille de commerçants. Adrien se donne la mort. Jeanne assiste au suicide et se jette dans la Seine. Dix-sept ans plus tard, l’armée napoléonienne est défaite à Waterloo. Le capitaine Danjou y est blessé à la tête. Après sa convalescence au Val-de-Grâce, une rixe l’envoie en cellule. Son épouse l’y rejoint, et lui annonce qu’il est le colonel Brunoy. Victime de fréquents malaises et de troubles de la mémoire, il retrouve une vie qui ne correspond en rien à ses souvenirs. Danjou-Brunoy va se mettre en quête de la vérité.

Le Vétéran est un thriller historique, situé pendant la Restauration, dont l’action se déroule à Rouen. Son intrigue met en scène un héros ayant perdu son identité, oscillant entre soupçon d’usurpation et pathologie psychiatrique. On pense immanquablement à XIII, qui court après sa vie, et au Colonel Chabert (1844) de Balzac, histoire d’une substitution de personnes sur un champ de bataille, pendant les conquêtes de Napoléon 1er.

Avec ses secrets de familles, ses femmes séduisantes, ses bagarres récurrentes et ses personnages attachants, ce volume commence et développe un récit palpitant. Des pistes s’ouvrent et se referment, des hypothèses se formulent et s’évanouissent, des coups de théâtre bousculent les événements, tout en maintenant vivace la question de départ. La réputation de scénariste de Frank Giroud (Louis la Guigne, Le Décalogue) n’est plus à faire, et il est encore à la hauteur de celle-ci. Tous les éléments narratifs sont mis en place avec précision et les dialogues sont savamment dosés.

Il pourrait être reproché au dessin de Gilles Mezzomo (Mexicana, Nouveau Monde) d’être trop dans le sillage de Jean Giraud et aux traits de son héros d’être une fusion de Blueberry et de Largo Winch. Néanmoins, pas de quoi le prendre pas en défaut. Les visages sont expressifs, les décors et accessoires vestimentaires de ce début de dix-neuvième siècle sont soignés et précis. La mise en couleur de Céline Labriet est subtile. Elle offre de la profondeur et de l’atmosphère au graphisme, favorisant l’immersion.

Ce premier pan du diptyque, malgré des références un peu trop évidentes, joue pleinement son rôle. La tension entre - ou au sein - des personnages est palpable et invite à lire la suite. Les amateurs du genre ne doivent pas hésiter.

Moyenne des chroniqueurs
7.0