Résilience 1. Les Terres mortes

A dam n'a plus le choix, ses parents désormais morts, il doit prévenir la « Résilience » et faire en sorte de prendre leur suite. Accompagné d'Agnès, il rejoint la capitale en espérant trouver les membres du réseau clandestin. Convaincu qu'un engagement sur le terrain est nécessaire, le couple s'expose à la répression de la société Dionsynta et devra lutter tant pour sa survie que pour le mode de vie des leurs.

Ambitieux récit d'anticipation au discours militant et écologique, Résilience est le fruit de l'imagination d'Augustin Lebon qui signe ici son premier projet en tant qu'auteur complet. Épaulé au scénario et au découpage par Louise Joor (Kanopé, Neska du clan du lierre), l'auteur met en avant l'une de leurs préoccupations préférées, l'environnement et le rapport que les hommes entretiennent avec lui. Plaçant l'intrigue dans un futur proche où les frontières sont celles des champs gérés par une société chargée d'exploiter la terre, il s'intéresse au destin de résistants qui luttent contre la production intensive et prônent une agriculture responsable et traditionnelle pour s'extirper de leur condition. Le contexte rapidement posé, la mise en situation des héros apparaît trop classique pour convaincre totalement. Mené tambour battant, le récit est enrichi de nombreux personnages aux intérêts divergents et dont il est encore un peu tôt pour affirmer avec certitude quelles sont véritablement leurs intentions. Les pistes sont donc ouvertes, la tension va crescendo et les retournements de situation possibles nombreux, ce qui contribuent à capter l'attention jusqu'au bout. Quitte à laisser aux lecteurs, au terme des soixante-deux planches, la légère impression qu'une telle histoire aurait méritée encore plus de place.

Pour la colorisation, l'artiste fait équipe avec Hugo Poupelin comme précédemment sur Le Révérend. Le travail de ce dernier est soigné et ses choix suffisamment variés pour bien marquer les différentes ambiances. De plus, cette mise en couleurs n’empiète pas sur le trait vif et agréable de son complice. Rappelant par moments le dessin de Vincent Mallié dans Le grand mort - notamment dans la physionomie d'Adam -, le dessinateur s'applique à proposer une mise en images étudiée et efficace qui contribue grandement à l'immersion et la lisibilité.

Malgré un démarrage un peu classique, Résilience laisse entrevoir de belles promesses. Les terres mortes pose un cadre sombre et alarmiste sur un propos intéressant. Il faudra attendre 2018 et Terre Naïve pour savoir si ce diptyque atteindra ses objectifs, mais tout est réuni pour y parvenir !

Moyenne des chroniqueurs
6.0