Yo-Yo post mortem 2. Mourir n'a jamais tué personne

R ien ne va plus dans l’organisation d’outre-tombe. Les passeurs d’âmes ne sont plus au travail et font attendre outrageusement les défunts, qui se consument d’ennui. Cerby, gardien canin du passage entre notre monde et l’organisation souterraine, demande l’aide du ventriloque pour retrouver James Bône, dont la contribution est nécessaire. Parallèlement, Adèle, une jeune fan qui s’empresse au concert de Peter Gratin, se fait renverser par une voiture et décède. Son trépas la mènera de surprises en surprises.

Gilles Le Coz signe le second tome de Yo-Yo post mortem. Après Mourir nuit gravement à la santé (2013), il livre Mourir n’a jamais tué personne. Tout est dans le titre. C’est de l’humour potache au royaume des morts, de l’absurde dans des catacombes improbables, de la blague chez nos amis les squelettes. L’histoire, tirée par les cheveux, n’est qu’un prétexte à des personnages loufoques, des situations cocasses et des guirlandes de jeux de mots. James Bône rêve de s’incarner dans un être vivant, le ventriloque cherche son public et Adèle refuse son décès.

Le récit, alerte et limpide, oscille entre fantasmagorie morbide et raillerie cynique. L’esprit et le thème font immanquablement penser à l’excellent Mortis Junior de Gary Whitta et Ted Naifeh ou le comique décalé estampillé Fluide Glacial (notamment celui de Foerster). Le graphisme, un noir et blanc nimbé de tous les gris possibles et imaginables, se situe dans le sillage de Tardi, Moynot ou Barral. Cette Cour des Miracles des profondeurs est admirablement croquée, comme le cimetière du Père-Lachaise dont le charme lugubre est parfaitement rendu.

Les édinautes de Sandawe ont plébiscité à juste titre Mourir n’a jamais tué personne. Les amateurs d’univers décalés et de plaisanteries bon enfant y trouveront leur compte. Le post mortem questionne, inquiète ou terrifie. Cet album rappelle que la mort est un sujet suffisamment sérieux pour que l’on soit tenu d’en rire.

Moyenne des chroniqueurs
7.0