Conduite interdite

A près un séjour de cinq années à Londres, Nour est de retour en Arabie Saoudite. Dans la capitale britannique, elle a enlevé son voile, découvert la liberté, suivi des leçons de photo... et appris à conduire une voiture. Bref, elle a vécu. Revenue dans son pays, les choses reprennent leur cours : elle devra obéir à son père jusqu’à ce qu’elle se soumette à son mari. Cet époux, formé aux États-Unis, est sensible à ses besoins. La nouvelle mariée éprouve malgré tout du mal à jouer les seconds violons dans une société patriarcale. Avec un groupe de compagnes d’infortune, elle posera un geste timide, mais symbolique.

Le récit de Chloé Wary est sommaire. À travers l’aventure d’une dame et d’un minuscule acte de révolte, elle décrit tout un monde. L’anecdote est malheureusement courte et le livre se lit très vite. En fait, le lecteur reste sur sa faim. Il souhaiterait mieux comprendre et savoir ce qui s’est passé après cette incartade. Le choix de raconter une histoire survenue en 1990 est par ailleurs embêtant. En fin d’album l’auteure explique que les choses n’ont pas changé et que les femmes luttent toujours pour avoir le privilège de s’asseoir sur le siège du conducteur… Alors, pourquoi ne pas sensibiliser les gens à ce que vit la saoudienne d’aujourd’hui plutôt que de raconter un non-événement banal, ancien et surtout, sans réelle conséquence ?

Le dessin en noir et blanc est tout simple. Les personnages et les décors sont esquissés avec grande élégance ; même les phylactères, semblables à des feuilles, sont gracieux et font corps avec les illustrations. Alors que le récit se situe dans un univers où tout est carré, rien n’est droit dans ce roman graphique où les cases semblent se révolter et imposer leur besoin d’être uniques.

Il est difficile de ne pas compatir à ce que vivent ces personnes privées de leur libre arbitre. La cause est importante, mais la nouvelle manque un peu d’ambition.

Moyenne des chroniqueurs
6.5