Canal Mussolini

L es Peruzzi ont le sang bouillant. Mi-révolutionnaires, mi-délinquants, ils savent où trouver les embrouilles. Ils n’ont peur de personne, surtout pas de la police et un séjour en prison n’est pas pour les effrayer. Le temps passant, plusieurs se rendront à Rome pour participer à l’assèchement des Marais pontins, un projet titanesque censé démontrer la puissance de Mussolini. D’autres prendront part aux conflits en Abyssinie et à la Deuxième Guerre mondiale.

Le sujet n’est pas fondamentalement inintéressant et l’idée de raconter le dictateur à travers le regard d’une famille de paysans pauvres n’est pas vilaine. Le scénario de Graziano et Massimiliano Lanzidei, tiré d’un roman d’Antonio Pennacchi, présente cependant des problèmes de structure. Rien n’est limpide. Le lecteur lit, fronce les sourcils, recule de dix pages, attaque à nouveau et n’arrive toujours pas à s’y retrouver dans cette histoire confuse construite avec trop de protagonistes et trop de changements d’époques.

Le dessin, un peu naïf, de Mirka Ruggeri est assez réussi. Les bâtiments ont un charme enfantin et les personnages une certaine raideur, un peu comme s’ils étaient faits de bois. La mise en couleur tout en demi-teintes de vert et de marron donne à l’ensemble une forme de douceur qui contraste avec la dureté de la vie en Italie au cours de la première moitié du XXe siècle. L’artiste aurait pourtant dû mieux caractériser ses acteurs. On s’y perd rapidement dans cette ribambelle de frères et de sœurs qui se ressemblent tous.

Une entreprise de deux cents planches, très ambitieuse. Peut-être aurait-il été préférable que les auteurs fassent leurs classes avec une matière moins complexe.

Moyenne des chroniqueurs
4.5