Adieu monde cruel !

I nspirées par un engouement nippon pour le suicide collectif en compagnie d’inconnus, quatre personnes, qui se sont rencontrées sur internet, concluent un pacte. Elles n’ont rien en commun : un vieil homme, une jeune femme, un analyste financier et un sportif. Chacun ignore tout de l'autre, même son nom. L’aîné est de loin le plus motivé et il dicte les règles du jeu. Ils mourront asphyxiés dans une voiture garée dans la forêt de Fontainebleau, après avoir lu un poème japonais. Les imprévus surgissent et le plan tombe à l'eau. Plus le temps passe, moins la volonté d’en finir est affirmée.

Bien que le sujet soit dramatique, Stéphane Massard et Jean Rousselot ont choisi de l’aborder sous le mode de l’humour, dans une parodie de « road movie » où l’Ankou est costumé en samouraï. Le quatuor est empoté et trouve toujours le moyen de se mettre les pieds dans le plat. Le lecteur se surprend à sourire tout du long et, par moment, à rire franchement de leur maladresse et de leur naïveté. Petit à petit, il découvre les motivations, au demeurant banales, des protagonistes auquel il s’attache. Le dénouement est cependant prévisible ; le bédéphile comprend rapidement qu’il n’y aura pas de cadavres et que cette quête est finalement une rédemption. Une chute plus décoiffante aurait été appréciée.

Il y a peu à dire sur le dessin, somme toute classique et intemporel, de Nicolas Delestret. Adoptant un style caricatural, il prend ses distances avec la thématique. Son découpage est efficace ; dans cette aventure aux rebondissements multiples, les formats des cases et les angles se renouvellent sans cesse. Mentionnons également sa mise en couleurs, très vivante et joyeuse qui donne le ton à ce faux drame.

Un agréable divertissement, souvent rigolo, dont l’esprit rappelle celui des Vieux fourneaux.

Moyenne des chroniqueurs
7.0