Irena 2. Les justes

À peine les premiers enfants sauvés du ghetto, Irena est persuadée qu'elle peut faire bien plus. Elle met alors sur pieds un véritable réseau, organisé et solidaire, pour faire de ces « extractions » une industrie. Tout est pensé, calculé, prévu : les modes de transport, les faux papiers, les familles adoptives et même les soins. grâce à son courage, son implication et l'aide de personnes aux mêmes convictions, son plan se déroule à merveille. Mais jusqu'à quand ?

Deuxième acte pour Sandrine Tréfouël, Jean-David Morvan, David Evrard, Walter et leur Irena. Les deux derniers, respectivement au dessin et à la colorisation, livrent une prestation sur la lancée de la précédente. Trait rond et doux trachant avec la teneur du propos, couleurs qui soulignent avec simplicité et justesse chaque passage, cadrages variés et une mise en page qui font la part belle à la lisibilité : un travail qui accompagne et habille à merveille l'intrigue.

Dans la continuité directe du premier opus, Le Ghetto, qui plantait avec force le décor dans lequel évoluent ces prisonniers polonais, Les justes dévoile l'organisation élaborée par leur héroïne et ses complices. Lors de sa première partie, les scénaristes délaissent leurs aller-retours temporels et plongent au plus près de cette fourmilière invisible qui risque sa vie pour sauver celles des autres. Le danger, la tension, la paranoïa aussi, mais surtout le courage de ces personnes, chacune à leur niveau, éclaboussent ces séquences. Car Irena n'est pas seule et c'est tant mieux tellement les risques apparaissent immenses. Même si la caractérisation de tous les protagonistes n'est pas du même niveau, la sincérité que les auteurs parviennent à insuffler à certains d'entre eux - notamment son binôme Antoni et le docteur Janusz Korczak - permet une empathie croissante à mesure que les planches défilent. C'est à ce moment, et pour toute la seconde moitié de l’album, que la gravité de la situation atteint son paroxysme. En effet, avec le retour d'une narration à flashback où le sort qui attend l'infirmière est explicité, son arrestation et le traitement que les Nazis lui réserveront, un tournant dans le ton s'opère et ramène à la réalité de la guerre et ses actes odieux. Enfin, tandis que la relation qui lie le personnage principal à son père parsème le récit, les scénaristes tiennent en haleine le lecteur jusqu'à la scène finale, entre espoir et questions.

Les justes ajoute encore de la dramaturgie et de l'émotion à cette série forte et paradoxalement rafraîchissante. L'histoire, dont le dénouement est attendu pour 2018, d'une femme qui rassure quelque peu sur la nature des Hommes.

>>> Voir la preview du tome 1
Lire la chronique du tome 1 par M. Natali

Moyenne des chroniqueurs
7.0