Gudesønn 1. La nuit de Walpurgis

D ans un univers parallèle, la Terre est divisée en huit secteurs d’importances inégales. Stockholm y est le centre de la Fédération scandinave, laquelle couvre la quasi totalité de l’Europe et la moitié de l’Amérique du Nord. Cette société, polythéiste, est farouchement défendue par la Guilde, un groupe plus ou moins occulte. Pendant la fête du Walpurgis, dix-huit enfants sont abattus dans une crèche de Vörstorp, pas très loin de la capitale. Le capitaine Martin Gudesonn et la sergente Jonna Liberg mènent l’enquête. Ils craignent que le massacre soit lié à la prophétie de la venue d’un dieu unique annonçant la fin des temps.

Le scénario est signé par un trio d’auteurs, et non les moindres : Didier Convard, Pierre Boisserie et Éric Adam. Les trois hommes ont élaboré un monde légèrement décalé. Ils ont ainsi toute latitude pour réinventer les enjeux géopolitiques et religieux, alors que le quotidien (vêtements, technologies, véhicules, architecture, etc.) se compare généralement au nôtre. L’intrigue est originale et bien construite. Elle insiste notamment sur les rapports de forces entre les pouvoirs spirituels, policiers et politiques. Le lecteur aurait aimé que le récit explore mieux la question internationale, mais tout porte à croire que l’Empire inca et le Don du Nil joueront un rôle significatif prochainement. Les protagonistes sont attachants, même si parfois clichés (flic alcoolo et têtu) ou étrangement peu touchés par l’assassinat de leur sœur.

Le dessin de Mr Fab n’est pas inintéressant, mais présente à l’occasion des signes de relâchement ou d’empressement, particulièrement pour ce qui se trouve au second plan. Un peu comme si les cases avaient été trop agrandies. Les expressions de quelques acteurs sont par ailleurs surprenantes : un enquêteur qui affronte les journalistes avec un sourire ravi ou encore une dame terrifiée qui a plutôt l’allure d’une groupie devant un Beatle. La plupart des illustrations semblent légèrement pixelisées, cela dit, ce n’est pas vraiment dérangeant ; le procédé entoure l’ensemble d’un léger brouillard et contribue à l’atmosphère générale.

Un bon petit polar ésotérique avec des traces de science-fiction.

Moyenne des chroniqueurs
6.0