Les jolies filles

Les jolies filles présente une série de gags parus dans le Berliner Tagesspiegel. Il y est question du couple sous toutes ses formes : jeune, vieux, à la dérive, improbable, homosexuel, rêvé, illicite, etc. La formule est légère, habituellement humoristique, parfois (mais rarement) dramatique. La plupart des saynètes mettent en scène des trentenaires berlinois, jamais les mêmes. Chacun des contes est donc autonome et il n’y a pas lieu de chercher quelque progression dans le récit ou la psyché des acteurs. Les anecdotes sont généralement sympathiques; quelques-unes ont certes un air de déjà vu, mais dans l’ensemble Flix relève le défi de presque toujours surprendre.

L’élément le plus intéressant est l’exercice réalisé par l’auteur avec les codes de la bande dessinée en s’amusant avec l’agencement des cases, le sens de la lecture ou la mise en couleur. Le bédéphile pourra, par exemple lire en parallèle deux histoires aux dialogues quasi identiques, l’une conduisant à une déclaration d’amour, l’autre à une rupture. Des nouvelles doivent être lues à partir de la fin, une situation renversante est représentée par une vignette à l’envers, la solitude d’un personnage s’exprime par son traitement multicolore alors que tout ce qui l’entoure est en bichromie, etc. Le dessin est coloré et souriant, parfois surprenant quand l'artiste fait dans le minimalisme ou, à l’opposé, s’il illustre un monstre qui pourrait faire peur à ceux de Boulet.

Mentionnons en terminant que Glénat réalise un beau travail d’édition. Le format est carré (comme celui du journal publié dans la capitale allemande) et de grande dimension (30 centimètres sur 30 centimètres). Autre curiosité éditoriale : le propos figure sur la page de droite, alors que celle de gauche n’offre qu’une rapide évocation de l’épisode à venir. Bref, on se paie le luxe de perdre de l’espace.

Une intéressante exploration des possibilités du 9e Art, enrobée d'amusantes intrigues.

Moyenne des chroniqueurs
5.7