Les décastés d'Orion 1. Première partie

L e guerrier Kolhen est la nouvelle victime de la lutte d’influence farouche que se livrent sa caste et celle des officiants. Victime d’un complot, il est déclaré « décasté » et envoyé au bagne. Il n’y arrivera jamais. Accompagné de la jolie Tryanna, une paria comme lui, il fausse compagnie à ses gardiens. Sa camarade a été condamnée pour une histoire abracadabrante : elle aurait surpris un marchandage entre les prêtres et un homme descendu d'un chariot volant, et possédant un objet pouvant assommer grâce à la lumière qui en sort. Kolhen ne rêve que de se venger, mais sa route va bientôt croiser celle de ce mystérieux « magicien » et, surtout, celle de la femme qui le recherche.

Éric Corbeyran s’attèle à l’adaptation du roman La Croix des Décastés de Julia Verlanger (pseudonyme d’Éliane Taïeb) paru en 1977. En matière de science-fiction, de le veine classique est proposée au lecteur : une planète, colonisée par des humains ayant oublié leur passé et régressé technologiquement, est surveillée par une civilisation plus développée qui n’est pas censée intervenir. Mais l’expérimenté scénariste connait bien son métier. Son récit, qui prend des libertés avec l’œuvre originelle (notamment en remplaçant le compagnon d’évasion du héros par une belle jeune femme), est alerte. L’action est privilégiée au détriment du contexte, même si les grandes lignes décrites suffisent à se faire une idée des enjeux et à conférer de la crédibilité aux protagonistes. Les rebondissements, nombreux, se succèdent rapidement, peut-être trop, les enchaînements étant un peu abrupts.

La partie graphique assurée par Jorge Miguel est agréable. Certes, son trait réaliste est sans surprise, mais ses personnages sont bien définis et plaisants, sa mise en scène est dynamique et accompagne efficacement la rythmique du scénario. Par contre, les cadrages centrés sur les individus offrent peu de possibilités de développer les décors et donc de découvrir visuellement ce monde d’Orion. C’est sans doute le prix à payer compte tenu de la densité des événements et du format de diptyque (qui plus est de quarante-six pages) retenu pour cette série.

S'il n'y a rien d'une ébouriffante originalité dans ce premier tome, la maîtrise des auteurs rend le récit distrayant au point de donner envie de connaître le dénouement.

Moyenne des chroniqueurs
6.0