The last Days of American Crime The Last Days of American Crime

L e gouvernement des États-Unis va lancer un grand projet afin d'éradiquer le crime. L’émission d’ondes doit empêcher la population de verser dans ses mauvais penchants, et l’argent physique sera remplacé par la monnaie électronique. Graham Bricke a un plan pour dérober une des machines destinées à charger les cartes fiduciaires. Le problème, c’est que certains n’ont pas tenu leur langue et que d’autres ont bien l’intention de doubler l’ancien criminel. Pour couronner le tout, il se voit contraint de s’adjoindre de nouveaux coéquipiers – un tueur psychopathe et une hacker nymphomane – à la dernière minute, sans savoir s’ils sont réellement fiables.

Jungle a la bonne idée de ressortir sous forme d’intégrale cette mini-série de Rick Remender. Le scénariste bâtit un polar noir qui réunit tous les ingrédients du genre sans jamais tomber dans les stéréotypes. La mécanique bien huilée rappelle celle des films « Ocean xx », mais dans une ambiance bien plus proche de celle de Scalped. Le pays est au bord de la guerre civile et certains sont bien décidés à commettre un dernier méfait leur assurant un avenir doré. Avec en toile de fond le compte à rebours avant la mise en oeuvre du plan de paix américaine, l’auteur installe les acteurs et pose les bases de l’intrigue. Déchirée par de scènes violentes et un érotisme cru, la montée en charge est lente et bénéficie de dialogues percutants ainsi que de personnages troubles et fascinants. La gestion du rythme est exemplaire pour cette série s'abreuvant de tension, d’adrénaline, de fausses pistes et de dénonciation de l’état tout-sécuritaire.

La partie graphique de Greg Tocchini n’est pas en reste. Son style en couleurs directes peut s’avérer déroutant du fait d'une certaine imprécision des traits des protagonistes, ou encore des tonalités choisies. Par contre, il en ressort une épaisseur, une moiteur collant parfaitement au récit. En y associant une mise en scène audacieuse, tant dans ses angles de vue que dans sa capacité à faire ressentir les mouvements, le dessinateur livre là une prestation impressionnante.

Destinée à un public adulte, cette œuvre a tout du classique.

Moyenne des chroniqueurs
7.3