Capitaine Perdu 2. Chapitre 2

P our Saint-Ange, la situation devient intenable. La France n’a plus les moyens de maintenir sa présence en Amérique. Il doit se retirer et laisser la place aux Anglais, réduisant à néant le travail de colons qui, pendant de nombreuses années, ont appris à vivre avec les populations locales, tissant des liens allant du respect à l’intimité. Les soldats du roi Georges, en initiant le développement de la variole parmi les nations indiennes de l’est, ont forcé ces dernières à faire allégeance à la Couronne. Ils ont également désigné le chef Pontiac comme interlocuteur pour négocier la paix. Toutefois, les peuplades de l’ouest ne reconnaissent pas son autorité et la révolte gronde. Le capitaine du fort de Chartres doit choisir entre une guerre qu’il sait perdue d’avance et organiser un départ du mieux possible, même s’il s’agit d’un crève-cœur.

Pas de combats dantesques, pas de scènes épiques, la conclusion de ce diptyque ne se fait pas le spectacle toujours fascinant que constituent les conflits armés. La violence est bien là, mais ce n’est pas le sujet. L’auteur s’attache surtout aux êtres et à essayer de traduire comment les puissants, dans leurs luttes de pouvoir, impactent la vie des gens simples, même quand un océan les sépare. Pour ces habitants de l’Amérique des Français, c’est d’autant plus cruel que beaucoup sont des descendants d’immigrés ayant réussi à se bâtir une existence dans ce nouveau monde en s’intégrant progressivement aux autochtones. Cette atmosphère, où se mêlent tension, peur, colère et amertume, ainsi que rires, amitié, amour et instants de bonheur d’autant plus puissants qu'ils sont aussi fragiles, prend vie à travers le dessin de Jacques Terpant. Le soin apporté aux personnages leur confère une réelle épaisseur tandis que la richesse des couleurs souligne la majesté des vastes étendues.

Capitaine perdu, une manière pleine d’émotions de découvrir une page bien méconnue de l’histoire de l’Hexagone et un homme qui avait choisi de respecter pour construire plutôt que de détruire.

Moyenne des chroniqueurs
6.0