La famille trop d'filles 1. Anna

P as facile d’être l’aînée d’une fratrie de sept, surtout quand les parents crapahutent constamment par monts et par vaux pour leur travail. Anna Arthur en sait quelque chose, elle qui passe son temps à s’occuper de ses cinq sœurs et de son petit frère et à veiller sur la destinée de la maisonnée. Parfois, elle aimerait bien ne plus y penser, s’amuser avec sa meilleure amie, Sophia, ou se rapprocher du beau Martin, mais qui prendrait le relais ? Alors, quand sa copine l'invite à une soirée pyjama, elle se demande bien comment elle pourrait y aller. Déjà, il faudrait qu’elle puisse recevoir l’autorisation et vérifier que le baby-sitter sera disponible, ce n’est pas gagné, car Anna est plutôt timide…

Après Les équilibres instables, Perles et pirates et plusieurs collectifs sur lesquels elle a œuvré comme dessinatrice, Clotka propose une déclinaison en bande dessinée de La famille trop d’filles, une saga romanesque de Susie Morgenstern publiée initialement chez Nathan et qu’elle illustrait déjà. Aidée par Elizabeth Barféty pour l’adaptation, la dessinatrice picarde a regroupé deux de ces romans, consacrés à la plus grande du clan Arthur, dans ce premier tome intitulé Anna.

Le ton est donné dès le début avec une présentation aussi succincte qu’efficace et pleine d’humour du contexte dans lequel évoluent les protagonistes. Des parents absents, des responsabilités à gogo, des envies à concrétiser, l’adolescence en marche : le terrain est propice pour une aventure à la fois légère – tout finit bien – et pleine de sens. En effet, si tout le monde n’est pas issu d’une famille nombreuse, bien des situations se révèlent pertinentes et raviveront des souvenirs, que ce soit la timidité qui empêche de s’adresser au garçon (ou à la fille) de ses rêves, la peur d’être grondé(e), les punitions injustes ou le ras-le-bol de devoir se coltiner ses cadets. Au fur et à mesure que l’histoire avance, l’héroïne prend de l’assurance et ose se rebeller afin d’échapper à la pression qui pèse sur ses épaules. Une once de mystère vient ainsi épicer la deuxième partie de l’album. L’épisode est habilement mis en images par Clotka dont le trait, expressif, va à l’essentiel tout en caractérisant bien chacun des personnages. Son découpage aéré s'accompagne de grandes cases ainsi que d'angles de vues variés qui permettent de sympathiques scènes de groupe. Enfin, les couleurs de Caroline Souclier viennent joliment enrober le tout.

Une BD bien animée qui ne manquera pas de faire sourire le public Jeunesse auquel elle est destinée. Mention spéciale pour la recette de l’encre invisible propre à inspirer les aventurier(e)s en herbe !

Moyenne des chroniqueurs
7.0