Chrononauts 1. Vol. 1

C orbin Quinn et Danny Reilly vont bouleverser l'Histoire en inventant le voyage dans le temps. Après avoir filmé des événements du passé, ils décident de réaliser le grand saut eux-mêmes. Mais pour les deux jeunes scientifiques, la tentation est grande de profiter de leur avantage technologique pour leur propre bénéfice à travers les époques traversées.

Dire que Millar propose ici un pur divertissement est un doux euphémisme. Il faut toutefois s’accorder sur la définition de divertissement. Si cela consiste à s’intéresser à deux adolescents proches de zéro en termes de maturité afin d’assister :
- à leur prise de possession de la maison pendant les congés des parents pour y régner en maîtres grâce à la carte de crédit qui leur a été laissée, le libre accès au bar et à la cave, profitant de cette opportunité pour multiplier les conquêtes d’un soir,
- puis à la course poursuite à travers chaque pièce et le jardin pour échapper à la correction promise par le retour des autorités (si peu prévisible),
alors vous avez des chances d’y trouver votre compte. Par contre, si vous souhaitez lire une aventure avec une épaisseur, tant au niveau du contexte que des personnages, passez votre chemin. Il n’y a ici qu’une succession de scènes écrites pour décrocher une adaptation cinématographique. Effectivement, il est facile de percevoir le blockbuster potentiel qui pourra être tiré du scénario : d’un côté, des héros beaux gosses, aussi balaises physiquement qu’intellectuellement, à l’attitude fanfaronne et insolente mais cool ; de l’autre, des séquences spectaculaires où, par exemple, des légionnaires romains côtoient des samouraïs montés sur un char blindé et qui permettront de multiplier des effets spéciaux tous plus « trop bien » les uns que les autres pour cacher la vacuité de l’histoire.

Ce qui est sûr, c’est que cela se lit facilement : aucune analyse des conséquences à modifier la trame du passé, aucun réel enjeu ni surprise. Heureusement que tout cela est mis en images par Sean Gordon Murphy qui, s’en pour autant livrer sa meilleure prestation, a suffisamment de talent pour proposer un visuel attractif permettant d’aller au bout du bouquin. Une nouvelle fois, l’apport à la colorisation de Matthew Hollingsworth est à souligner, tant il sait mettre en valeur le trait si caractéristique de Murphy.

À défaut de le remonter, l’album fait passer le temps sans agresser les méninges, mais une question demeure : ce dessinateur surdoué trouvera-t-il un jour un scénario à hauteur de son talent ?

Moyenne des chroniqueurs
5.0