Goupil ou face Goupil ou face - Comment apprivoiser…

L ou a seize ans quand les premiers symptômes apparaissent : humeur en dent de scie, phase d’euphorie laissant place rapidement à une morosité dévorante, insomnie, fatigue, pensées morbides… Le diagnostic est sans appel : la jeune femme souffre sans aucun doute d’une dépression. Pourtant, ni les séances de psy ni les antidépresseurs ne vont améliorer son état, bien au contraire. L’animal qui grignote son espace de vie n’est encore qu’une forme noire aux contours inquiétants. Ce n’est que bien plus tard qu’un docteur mettra un nom sur le mal qui la ronge : la cyclothymie, classée comme maladie bipolaire. Lou doit dorénavant apprivoiser la boule de poil qui empoisonne son existence, d’autant qu’elle porte désormais un nom : Goupil le renard.

Goupil ou Face sort à peine quelques semaines après La Différence Invisible qui traite également d’un trouble du comportement, le syndrome d’Asperger. La similitude entre les deux ouvrages ne s’arrête pas là. Lou Lubie a aussi choisi un dessin en noir et blanc rehaussé de rouge, parfois décliné en orange et, forcément, en roux, couleur du pelage du renard, pour mettre en images son parcours. Un choix plutôt malin qui attire immédiatement l’œil sur les angoisses de l’auteure. Le cheminement est sensiblement similaire : incompréhension de l’entourage, même proche, diagnostic – le bon – révélé tardivement, et prise de conscience de devoir domestiquer le mal plutôt que de le combattre.

Album fort bien documenté, grâce notamment à la collaboration d’une psychologue clinicienne, il détaille le véritable combat que Lou doit livrer chaque jour contre Goupil. L’humour alterne avec les explications parfois très médicales et quelques données statistiques bienvenues qui replacent la cyclothymie parmi l’éventail, complexe pour les non-initiés, des maladies mentales.

Quelques références de livres et de sites web traitant le sujet sont données à la fin d’un ouvrage intéressant, mais aussi drôle et émouvant.

Moyenne des chroniqueurs
7.0