Jules Verne et l'Astrolabe d'Uranie 1. Tome 1/2

L ors de l’été 1839, à Nantes, le jeune Jules Verne, qui aspire à des expéditions au long court, s’introduit sur un navire à quai. Il est alors le témoin de la livraison par le capitaine d’un mystérieux objet à un commanditaire qui entend garder le secret sur l’existence de ce qu’il qualifie de fabuleux instrument. Vingt-huit ans plus tard, monsieur Verne se trouve à Paris pour rencontrer son éditeur lorsqu’il est rejoint par son frère. Celui-ci le convainc de partir sur le plus grand paquebot du monde qui doit appareiller de Liverpool pour l’Amérique afin d’assouvir ses rêves d’enfant. Jules ne se doute pas que cette décision va rouvrir une blessure intime et l’entraîner dans l’inconnu.

Esther Gil a choisi de plonger le célèbre romancier dans une aventure qu’il aurait pu écrire. Ce démarrage est l’occasion de faire connaissance avec le personnage. Après quelques pages consacrées à un évènement vécu durant son enfance, le curseur se pose sur un homme établi, marié, père et écrivain reconnu. La scénariste s’attache ainsi à décrire la psychologie du héros ainsi que quelques éléments de l’univers dans lequel il évolue.

Si ce dernier point est loin d’être désagréable, c’est tout de même ici que le bât blesse. Car les épisodes sur les travaux urbains d’Haussmann ou la description des caractéristiques techniques du Great Eastern (détails véridiques) sur lequel Jules Verne s’apprête à traverser l’Atlantique occupent un espace important. Tant et si bien que l’intrigue prend quelque peu corps seulement dans les dernières pages de l’album et ce sans que beaucoup de matière ne soit livrée. Une pagination plus conséquente aurait été nécessaire pour rétablir l’équilibre après ce long passage introductif.

Heureusement, la prestation de Carlos Puerta atténue ce ressentiment. Si son style « photo réaliste » peut parfois gêner au niveau des visages et des postures un brin rigides, sa méticulosité sur les décors est impressionnante. S’y associe un travail considérable sur les couleurs et la lumière, permettant aux atmosphères de prendre vie et de baigner le lecteur dans des fresques immersives contribuant pleinement à la narration.

Quelque peu déséquilibré, ce premier épisode constitue néanmoins une introduction agréable. Il est tout de même à souhaiter que la suite de ce diptyque puisse corriger ce problème de consistance sans pour autant sombrer dans l’excès inverse.

Moyenne des chroniqueurs
6.0