L'aigle et la salamandre 1. Naissance dans le brasier

"La salamandre" : ce sont les derniers mots que Gaïus entend de la bouche de son père, en écho aux propos des témoins qui les virent sortir du brasier. Juillet 64, Rome est en flammes et Gaïus, ruiné, hérite de tous les contrats d'assurance-incendie que son géniteur, imprudent et roublard, a fait signer en masse avant le drame. A l'instar de milliers de romains, le jeune patricien se retrouve à la rue avec un seul esclave. Et très vite, une inquiétante affaire impliquant le symbole du lézard immunisé au feu, en lien avec le détesté préfet Tigellin, va le rattraper.

L'enfer ravage l'Urbs, la couverture et les premières planches atrocement flamboyantes donnent une idée de ce cataclysme qui ravagea dix des quatorze quartiers de la métropole, fit des milliers de morts et plus de deux cent mille sans-abris. Une représentation de l'horreur, qui rappelle celle de Gen d'Iroshima par la puissance de son évocation. Par son ampleur, mais aussi par les rumeurs, les scandales et les conséquences pour une religion naissante, cet événement est resté dans les mémoires. C'est donc une magnifique toile de fond pour un récit d'enquête et de complot. Le personnage de Gaïus est un beau jeune premier. Naïf, son sens de l'honneur le mène à dilapider toute sa fortune pour honorer les contrats de sa famille. Mais sa langue bien pendue et sa curiosité lui attirent des ennuis dans un climat de paranoïa où la foule traque les incendiaires et des opportunistes règlent leurs comptes. Ce premier volume pose avec efficacité cette ambiance post-apocalyptique où bruissent toutes sortes de théories accusatrices et où le peuple crie vengeance. Le dessin est inégal. Par moments, le beau crayonné extrêmement détaillé est étouffé par une colorisation informatique qui floute les cases et jette un doute sur le visage des antagonistes. Il est parfois difficile de reconnaître un visage au fil du récit où plusieurs trames se mélange. A contrario, certaines pages dégagent une réelle puissance réaliste.

Anecdotique, ce détail amusera les collectionneurs d'EO : une grossière erreur apparaît sur le quatrième de couverture en datant le récit quatre cents ans avant Jésus-Christ.

Sujet brûlant, scénario cinématographique, cette nouvelle série de la collection Quadrants a toute d'une grande, espérons qu'elle tienne ses promesses.

Moyenne des chroniqueurs
5.0