Einstein (Simon/Maier) Einstein

N é en 1879 dans une famille juive allemande plutôt cultivée et aisée, le jeune Albert n'est pas un enfant très brillant. Il joue seul, ne parle que très tard, se fait exclure des classes qu'il fréquente et fait fuir ses professeurs privés à cause de son sale caractère et son mauvais esprit. Heureusement, son environnement familial en fait un gamin curieux de comprendre le monde. Viré du lycée, il réussit cependant au deuxième essai le concours d'entrée de l'école polytechnique de Zurich où il s'applique à rentrer en conflit avec ses enseignants. C'est là qu'il rencontre son alter-égo féminin, Miléva, une des rares femmes inscrite en Physique. Le couple enchaîne les galères et les équations. En 1905, Albert Einstein publie la théorie de la relativité restreinte qui révolutionne la conception de l'univers et propulse ce laborieux technicien de 3ème classe au rang de génie du XXe siècle.

Après Freud en 2011, Marx en 2013, Corinne Maier et Anne Simon poursuivent avec Einstein leur série de one-shot consacrés à ceux qui ont révolutionné l'époque contemporaine et posé leur empreinte sur le monde. Après l'inconscient, l'économie, c'est le tour de la Physique par la voix de son plus célèbre représentant. Le modèle narratif est bien rodé, sur un ton léger, à la première personne, le duo déroule la vie de leur personnage dans tous ses aspects. La deuxième planche résume à elle seule le principe en énonçant tous les aspects de la personnalité complexe et parfois contradictoire du père de la relativité : le génie et le mauvais élève ; mais aussi le politique qui milite pour la paix tout en exhortant les États-Unis à entrer en guerre ; athée au début de sa vie, juif puis sioniste militant ; excellent gestionnaire de son image ; mauvais père et mauvais mari... Durant les dernières années de sa vie, ce pacifiste culpabilise d'avoir été un des pères de l'arme nucléaire.

Prouvant qu'un bon dessin vaut mieux qu'un long discours, Anne Simon explique en quelques cases les principes relativistes d'un univers courbe, limité par une constante infranchissable qui est la vitesse de la lumière dans le vide. Mais aussi, (et tant pis pour la science-fiction), les concepts de temps relatif ainsi que ses erreurs, sa détestation des mathématiques fondamentales et ses querelles avec les quantiques ("Dieu ne joue pas aux dés"). La coloration en quadrichromie donne à la fois un côté rétro et fluide au graphisme. Certaines planches sont magnifiques par leur puissance symbolique et ce choix réduit de couleur.

Un album complet, didactique et à la fois drôle et facile à lire, une belle réussite.

Moyenne des chroniqueurs
8.0