Fjällbacka 2. Le Prédicateur

L orsque le corps d’une campeuse est retrouvé mutilé près de sa petite station balnéaire de Fjällbacka, l’inspecteur Patrick Hedström se dit que ses vacances sont bien mal embarquées. Mais quand les squelettes de deux adolescentes disparues depuis vingt ans apparaissent sous le cadavre, ces congés tant espérés sont définitivement compromis. Il faut dire qu’entre des collègues à la motivation parfois chancelante et une fiancée toute prête à accoucher, l’enquête à venir s’annonce compliquée.

Olivier Bocquet (La colère de Fantômas) et Léonie Bischoff (Hoodoo Darlin’) adaptent donc ici le deuxième roman de Camilla Läckberg, après un précédent opus très réussi, La princesse des glaces. Alors que le ton de ce premier album oscillait entre blancheur éclatante et teintes crépusculaires de l’hiver suédois, c’est au cœur de la saison estivale que débute ce nouvel épisode. Autre changement notable, là où la romancière développait avant tout la personnalité charmante et attachante d’Erika Falck, l’investigatrice amateur adorant exhumer les secrets enfouis de ses contemporains, Le Prédicateur s’attache davantage aux pas de son compagnon, Patrick Hedström. Ceci étant, la trame de l’histoire reste analogue : drames familiaux, destins brisés, douleurs longtemps tues brusquement exposées, cette intrigue est comme le pendant ensoleillé du roman inaugural.

Reste que, comme souvent dans le polar, tout est d’abord question de personnages bien campés – une réussite indéniable de cette série – et d’ambiance finement retranscrite… Et cette partie du contrat est également bien remplie : les deux bédéastes avaient effectué un séjour dans la ville côtière pour réaliser des repérages et s’imprégner du caractère des lieux. Une atmosphère toute en contrastes, paisible en apparence, avec ses maisons coquettes, son port douillet, sa conserverie traditionnelle, son camping verdoyant et, pourtant, traversée d’invisibles fractures, d’indicibles rancœurs, de tout un réseau d’amertumes et de ressentiments courant sous la surface trop lisse. Et une atmosphère adroitement restituée par le crayon de la dessinatrice : son trait fin, délicat, sans encrage, ses ombres simplement placées au fusain, son attention portée aux détails, aux expressions, tout cela se marie parfaitement aux couleurs naturalistes et subtiles de Sophie Dumas et concourt au charme certain de l’ensemble.

Moyenne des chroniqueurs
7.0