Astrid Bromure 1. Comment dézinguer la Petite Souris

A strid, petite fille d’un couple riche absent du logis, cherche quoi faire. Entourée du majordome, de la cuisinière, d’un chat et d’un chien stylés, elle est à court d’idées, quand, soudain, miracle, une de ses dents ballotte. La petite souris devrait donc passer prochainement. Mais, au fait, existe-t-elle vraiment ou est-ce une de ces histoires à dormir debout inventée par les adultes ? Et quelle tête, quelle couleur, quels habits, quels accessoires a-t-elle ? Et, et, et…

Comment dézinguer la Petite Souris ? traduit bien, dès l’énoncée de de son titre, que la jeune fille de bonne famille héroïne de cette nouvelle série n’est pas nécessairement sage comme une image. Sa curiosité l’invite à échafauder des pièges disproportionnés pour capturer ou seulement apercevoir le mythique rongeur. Le résultat est suffisamment plaisant et malin pour se lire (oui, il y a ce qu’il faut de texte dans cette histoire) à tout âge.

Au-delà d’un scénario dynamique et rigolo qui n’oublie pas de prendre une dimension informative avant d’être morale (l’auteur met en lumière les techniques des publicitaires utilisées pour séduire les bambins pour les transformer en consommateurs), l’atout majeur de ce premier album réalisé en solo reste le dessin de Fabrice Parme. Ses amateurs ne seront pas dépaysés par les traits fins de cet expert en volutes comme en droites strictes pour construire un environnement monumental dans lequel évolue des protagonistes à peine caricaturaux dans leurs attributs. La transition menant du palais de Porto-Cristo secoué par les caprices du Roi catastrophe, autre gamin fort en caractère créé avec Lewis Trondheim il y a quelques années, au building de mégalopole américaine où grandit Astrid prend pour les fans l’allure d’une formalité. L’occasion est aussi donnée de retrouver cette mise en couleurs typique recourant à des aplats pastels qui permettent couramment de s’affranchir des contours des cases pour mieux aérer et faire pétiller les séquences. Le reproche qui pourrait être fait consiste à trouver certaines de ces cases un rien riquiqui lorsqu’on a trouvé plus de saveur à celles de « bonne dimensions » où l’agencement des couleurs et des espaces s’épanouit davantage. Mais, c'est entendu, une scène telle que celle décrivant une descente d'escalier sur plusieurs étages sans coupure à chaque palier d'étage pour éviter d'interrompre la demoiselle dans son cheminement et son discours, il ne faudrait pas en abuser non plus.

En BD, il est impossible de se passer de la fraîcheur d’un nouveau chenapan jamais à court de farces ou d’une chipie un brin impertinente. Astrid Bromure appartient à un longue lignée de terribles gosses : qu’un accueil enthousiaste lui soit réservé !

Moyenne des chroniqueurs
7.3