La légende de Noor 1. Le sacrifice d'Hooskan

S olitaire, le prince Noor aime passer du temps auprès d’Old’ork, le puissant mage de la Cour, qui a détecté chez lui quelques prédispositions. Pour lui complaire, il est prêt à tout, y compris à approcher de l’arbre ancien sacré malgré l’interdiction royale. Une bien mince affaire si le splendide végétal n’incarnait pas le symbole des anciennes croyances du peuple que ses parents voudraient éliminer pour asseoir pleinement leur autorité. Après des années à supporter ce défi vivant, les souverains de Nym décident finalement d’employer les grands moyens pour l’éradiquer à tout prix. Un choix qui va faire basculer la vie de Noor et réveiller les forces mystérieuses de la Déesse Creuse.

Loin d’avoir abandonné l’univers de Weëna, Éric Corbeyran et Alice Picard y reviennent en proposant à leurs lecteurs de remonter aux sources de la saga à travers un triptyque marchant dans les pas du lointain ancêtre de leur héroïne aux cheveux cendrés. Dans ce premier volet, le scénariste ouvre le récit par une scène pluvieuse située dans le présent avant d’effectuer un retour en arrière évoquant la jeunesse de Noor et, petit à petit, d’avancer vers cette introduction. Si la trame paraît assez linéaire, les thèmes abordés sont, eux, plutôt riches intrinsèquement, qu’il s’agisse des liens familiaux – relation du rejeton mal-aimé à ses géniteurs - , de l’ambition écrasant tout pour parvenir à ses fins, de la lutte entre un culte unique imposé par la force et des rites ancestraux. Il reste cependant dommage que certains événements soient traités très – trop ? – rapidement, alors qu’ils auraient pu donner lieu à des passages particulièrement forts, ce qui amoindrit hélas la tension dramatique. Ce défaut est contrebalancé par le graphisme d’Alice Picard, à la fois soigné dans les décors et expressif quant aux protagonistes. La grande force de la dessinatrice réside ici dans son talent à transcrire avec bonheur les différentes ambiances en jouant sur sa riche palette "aquarellée" pour coller au mieux à chaque moment.

Pouvant se lire indépendamment de la série-mère, Le sacrifice d’Hooskan remplit pleinement son office, tout en offrant un moment de détente appréciable.

Moyenne des chroniqueurs
5.7