Harfang

L ynette et Bran travaillent depuis des mois aux préparatifs de leur mariage, l’une en s’occupant des broderies de sa robe et de sa parure, l’autre en fabriquant un lit nuptial. Les occasions de se voir sont rares et ils profitent donc de chaque moment ensemble, comme en cette veille de cérémonie des lanternes qui les voient pique-niquer dans les montagnes. Lorsqu’un orage éclate, les amoureux se réfugient dans une grotte qu’ils ne tardent pas à explorer. Hélas, ils finissent par s’y perdre et ressortent dans une forêt où la jeune fille est bientôt transformée en oiseau par une sorcière devant son fiancé impuissant…

Pour Aurore (Pixie, Elinor Jones), Harfang constitue l’aboutissement de plusieurs projets, à commencer par celui d’assurer à la fois le dessin – ce qu’elle sait remarquablement faire avec son style empruntant au manga – et le scénario. Ce dernier, il est vrai, adapte un conte signé Grimm, Jorinde et Joringel, aimablement retranscrit en fin d’album. Cependant, l’auteure le transpose dans un environnement asiatique qui rappelle fortement la Corée – un autre de ses défis – et l’étoffe quelque peu en y ajoutant des intervenants, ainsi qu’un pacte qui vient corser l’affaire et conduit à un dénouement alternatif, plutôt bienvenu. Les événements s’enchaînent avec fluidité et le récit se déroule ainsi sans heurt, mais sans véritable surprise non plus. Néanmoins, la mise en scène habile et la dose d’humour qui parsème joyeusement l’ensemble évitent tout sentiment d’ennui. Le graphisme expressif et la colorisation délicate contribuent aussi au plaisir de lecture, Aurore réussissant pleinement à enchanter le regard par le soin apporté aux tenues et aux détails vestimentaires, ainsi que par les atmosphères qu’elle crée.

Bestiaire fantastique, pouvoirs magiques, héros naïfs confrontés à l’adversité, Harfang réunit les ingrédients d’un récit grand public attachant. À noter que l’œuvre avait été publiée sous forme de webzine – le troisième challenge relevé par l’artiste – à raison d’une planche en noir et blanc par semaine. La version livre, dans un format facile à glisser dans un sac ou un cartable, comprend en plus un joli cahier graphique.

Moyenne des chroniqueurs
6.0