Spirou et Fantasio par... (Une aventure de) / Le Spirou de... 7. La Femme-léopard

1946, la guerre est finie depuis longtemps côté belge et l'occupation nazie n'est plus qu'un lointain cauchemar. Malheureusement, pas pour tout le monde. Spirou, bien que fraîchement décoré de la médaille d'or de Saint-Georges pour comportement héroïque pendant le conflit, pochtronne. Obligé de reprendre son emploi de groom au Moustic Hôtel, il ne peut chasser de sa mémoire le souvenir de la pauvre Anne, envoyée aux camps. Pendant que Fantasio, zazou de première force, essaie de comprendre les existentialistes, une femme léopard à la recherche d'un Koso sacré va remettre le jeune écureuil sur le chemin de l'aventure…

Intitulé au départ Une aventure de Spirou et Fantasio par, la série de one-shot consacrée aux fameux personnages change complètement d'orientation. Avec Panique en Atlantique, le dernier paru à ce jour, la collection était déjà devenue Le Spirou de. Dorénavant, les shots pourront désormais être plusieurs. En ces temps délicats, l'éditeur n'allait pas passer à côté de la possibilité de rééditer les bons scores des ouvrages précédents. Tant mieux pour le lecteur, et à lui de séparer le bon grain de l'ivraie. La tâche ne lui sera pas facile compte tenu du nombre d'albums à venir. Il sera aussi en droit de s'interroger sur l'avenir proche de la série-mère face à ce flot de sorties annexes. Une bonne dizaine à en croire les dernières annonces officielles.

C'est Yann, déjà récidiviste par ailleurs, et Olivier Schwartz qui ouvrent le bal de cette nouvelle fournée. Se déroulant deux années après la fin de leur Groom Vert-de-gris, La Femme Léopard n'en est pas une suite directe, plus simplement le tome consécutif. Ce nouvel opus souffre principalement d'être introductif, n'étant que la première partie d'un diptyque annoncé. Face à l'enjeu principal, placé en toile de fond et qui emmènera dans le prochain épisode les protagonistes sur les hauts plateaux urugondolais, cette Femme Léopard paraîtra pour certains quelque peu légère. Le développement en parallèle des différentes sous-intrigues, nécessaires à l'ensemble de son récit, atténue la portée du propos par rapport à ces soixante deux pages. Cette pré-odyssée pouvant se résumer au final à un court aller-retour vers le Saint-Germain de Jean-Paul Sartre. Reste heureusement un des autres objectifs du scénario, lancer proprement Spirou et Fantasio sur le destin d'aventuriers qui les attend. Objectif réussi. Bien sûr, et même s'il est un peu plus mesuré qu'à son habitude, Yann n'oublie pas de parsemer son histoire de multiples références. Ce qui ne manquera pas de réjouir ses inconditionnels, et a contrario, d'énerver ses non moins habituels détracteurs.

Profitant du grand format de l'album et de l'augmentation d'espace que lui offre la longueur de ce périple, Schwartz offre ici une partition plus posée et plus aérée. La parution en cartonné est ici plus convaincante que la prépublication au petit format du journal ou que sur numérique. De Bruxelles à Paris, des zazous aux jeunes germanopratins, il donne remarquablement corps à l'atmosphère de son récit. Quant aux couleurs de Laurence Croix, elles sont une fois de plus au diapason de cette histoire fort colorée.

Avec cette Femme Léopard, les auteurs inaugurent la déclinaison de la licence Spirou et Fantasio sous différents segments. L'intérêt étant réel, il serait dommage pour les fans de passer à côté.

Moyenne des chroniqueurs
6.7