Django Unchained Django unchained

D ans l'avant-propos, en authentique fan de comics et de westerns, Quentin Tarantino se réjouit de l’adaptation de son Django unchained dans une version dessinée en sept parties proposées par Vertigo. Pour qui a vu le film il y a un an, l’intérêt majeur consiste évidemment à traquer les scènes présentes dans le script original, mais non tournées, et autres variations.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’histoire, Django est un esclave devenu chasseur de primes après que le Dr Schulz l’a pris sous son aile en échange d'un coup de main pour identifier un trio de fripouilles dont les têtes ont été mises à prix. Sa liberté obtenue, « la gâchette la plus rapide du Sud » n’a plus qu’un objectif : rejoindre et libérer sa femme vendue à quelque riche exploiteur de « nègres ». Le long métrage, en dépit de ses qualités, n’a guère surpris les habitués du cinéaste fan de « pulp ». Nombreux sont les éléments qui concourent à une forme de déjà-vu : nouvelle histoire de vengeance, séquences où la violence est stylisée et marquée par les flots d’hémoglobine, hommage aux westerns et au courant de la « blaxploitation », découpage en chapitres identifiés comme tels et incluant de très longs passages au cours desquelles la tension monte crescendo selon un déroulé proche du temps réel.

La bande dessinée étant le royaume de l’ellipse narrative, la confrontation entre la version cinéma, très descriptive et bavarde, et la transcription en BD est d’ailleurs l’une des curiosités qui incitent à redécouvrir les aventures de Django Freeman. L’autre attrait, rappelons-le, réside dans quelques scènes supplémentaires. Ainsi, une large section est ainsi consacrée au sort de Brunehilde / Broomhilda entre le moment où elle a été séparée de son mari et celui où elle a été acquise par le cruel Calvin Candie. Les autres différences notables sont plus fugaces : l’humiliation subie par le vieux Stephen, septuagénaire collabo du jeune héritier du domaine de Candyland, éclaire son ressentiment envers le nouvel affranchi, la présence d’un adolescent qui n’apparaît pas à l’écran, l’utilisation de l’arme blanche pour un massacre en lieu et place de colts ou un final moins explosif qu'à l'écran constituent les écarts les plus remarquables.

Au dessin, plusieurs pointures prêtent leur concours au projet et les fans de Scalped seront en terrain connu en retrouvant le Serbe R.M. Guéra, l’Américain D Cowan ou le Croate D. Zezelj au générique. Ceux qui ne sont pas encore familiers des changements de style à l’intérieur même d’un album tiqueront un peu, comme d’habitude.

Avec un mode de narration différent, des passages inédits et une efficacité assez comparable, le comics Django unchained vaut une lecture. Une chose manque toutefois - parmi d'autres - par rapport au long métrage : le ton et l’usage du verbe, aussi particulier que malicieux de l’ancien dentiste allemand, sont ici noyés dans une ambiance plus sèche. Globalement, les dialogues n'ont d'ailleurs pas la même capacité à soulever le cœur et à faire naître l'indignation. À croire qu'en la matière, les acteurs sont meilleurs interprètes que je ne suis lecteur. Conclusion : la vision du film n’exclut pas la traque des "coupes" opérées dans le texte original et restituées par l'album pour s'offrir une rasade supplémentaire de Tarantino.

Moyenne des chroniqueurs
6.0