Angor 5. Lekerson

L e groupe des trois adolescents partis à l’aventure est désormais éclaté. D’un côté Lorky, prisonnier de l’infâme Comte de Lekerson. De l’autre, Evrane et Talin, lancés à sa recherche. L’assaut final est proche et ils peuvent compter sur de nombreux alliés : Mansïouran et Le Sombre aux pouvoirs étonnants, mais aussi Vilyana et Jesale, deux jolies blondes. Ils ne seront pas de trop pour empêcher Lekerson de mettre la main sur la totalité des médaillons magiques qui lui permettraient de renverser le roi et de prendre le pouvoir.

Clap de fin pour les natifs d’Angor qui, après de nombreuses péripéties, s’apprêtent à livrer leur dernier combat. Si les multiples exploits des trois amis constituent l’essentiel de la série, l’emploi de l’artefact, permettant d'atteindre en un instant l'âge désiré, a permis pendant les quatre tomes précédents de pimenter le récit. C’est aussi le moyen d’aborder, de façon un peu grossière il est vrai, le délicat passage à l’âge adulte, de démontrer que le cocon familial, souvent rejeté par les plus jeunes, possède néanmoins des avantages. Il permet également de réaliser quelques fantasmes : « Si j’étais plus grand et plus fort, je pourrais le terrasser d’un seul coup de poing ! » ou, dans un registre plus romantique - pour ne pas dire lubrique - « Ah, si j’avais quelques années de plus, je pourrais la conquérir ». L’objet magique s’est aussi révélé très pratique lors de certaines situations périlleuses, trahissant au passage une ou deux ficelles scénaristiques parfois un peu épaisses.

Le cinquième tome adopte la même recette et conclut de belle manière l’histoire imaginée par Jean-Charles Gaudin. En habitué du genre, il manie avec brio scènes d’action, humour et sentiments. Il faut, certes, passer outre les résurrections faciles ou le « bijou enchanté tombé là par hasard », car l’intérêt se trouve précisément ailleurs. Tout d’abord dans une utilisation intelligente de l’heroïc-fantasy : si divertissement il y a, d’autres thèmes sont abordés et rendent la lecture attrayante. Mais aussi dans le dessin de Dimitri Armand, pour qui Angor était à l’époque sa première bande dessinée. Restitutions d’ambiances, personnages possédant tous une « gueule » et héroïnes au physique agréable sans tomber dans le vulgaire, autant de qualités qui ont contribué à la réussite de la série.

S’il est encore un peu tôt pour parler de « classique », Angor en prend assurément le chemin. À découvrir, en attendant très certainement un nouveau cycle, la dernière case de Lekerson laissant peu de place au doute.

Moyenne des chroniqueurs
7.0