Abaddon (Shadmi) 1. Abaddon

T oc toc…
- Qui est-ce ?
- Je viens pour la visite…
- Oh… Oui, entrez, je vous en prie…

Le nouvel arrivant, Ter, ne dépare pas au milieu de ces spectres errant dans l’appartement. Comme perdu, il se laisse porter par les événements sans se poser trop de questions. De toutes les manières, ça n’aurait pas changé grand-chose, il était déjà trop tard…

Note 1 : « J’ai décidé de commencer un journal. C’est le seul moyen de pouvoir à peu près mesurer le temps qui passe, vu qu’il n’y a pas d’horloges dans l’appartement, et aucun moyen de distinguer le jour de la nuit. »

L’atmosphère qui émane des premières planches laisse deviner qu'une inquiétante étrangeté s'est emparée des fondements du récit. Quelque chose cloche, bien au-delà du trait tremblant qui sculpte les personnages dans ce décor où tout n’est que vert-de-gris et où les murs semblent comme habités par une présence. Un immeuble très organique qui n’est pas sans faire penser à celui qui est au cœur de L’état morbide, triptyque de Daniel Hulet. Dans pareil environnement, le huis clos devient vite oppressant et la folie des uns et des autres ne tarde pas à se révéler sous le vernis d'une relative normalité.

Note 8 : « j’ai découvert le nom de cet endroit : Abaddon... Mes colocataires sont peu enclins à en découvrir davantage sur l’histoire de cet endroit. Et ils n’ont absolument aucune envie de s’évader d’ici… Ils ont une idée très floue du temps qu’ils ont déjà passé ici, ou des détails de leur vie d’avant leur arrivée. »

Pour tout dire, Ter n’est pas mieux portant. Dès qu'il ferme les yeux, c'est pour être hanté par des scènes de guerre, réminiscences cauchemardesques issues d'il ne sait où et qui n'apportent aucune réponse à ses interrogations. Le colocataire qui l'a précédé évoquait ses espoirs de « ne plus jamais rêver ». Est-ce pour cela que la lumière ne s’éteint jamais dans sa chambre ?

La fin de ce premier tome offre des perspectives des plus réjouissantes pour le suivant prévu pour mi-septembre.

Note 301 : « je vous en supplie, tuez-moi ».

Moyenne des chroniqueurs
8.0