No limits 1. No Limits

A dolescent en décrochage scolaire, Yann s’adonne au roller, son passe-temps favori, lorsqu’il surprend le baiser qu’échange sa mère avec un inconnu. Cette fois c’en est trop ! Passé le stade de l’effondrement, il bascule dans la violence et dans la prise de risques. Deux hommes l’aideront à recréer du lien social.

Pourquoi les adolescents sont-ils si nombreux à braver les interdits, à se lancer des défis et à aller, parfois, jusqu’à mettre leur vie en danger ? Certains témoins de leurs actes auront tôt fait de les qualifier de voyous. Et pourtant … Il n’est déjà pas si aisé de comprendre et d’arriver à admettre que les contraintes et les exploits ne sont pas forcément synonymes de perte de liberté et de respect gagné, y compris de respect de soi. Alors que dire de la difficulté à s’ouvrir aux règles sociales et à s’intéresser à ce que propose la scolarité ? Surtout lorsque le poids de ce qui est vécu quotidiennement au sein la cellule familiale ôte tout sens à l'idée qu'on se faisait de la vie pour nourrir un sentiment d'incompréhension et enfermer dans une profonde solitude. Or, justement, chez Yann, rien ne va plus. Ses parents se déchirent et son père, au chômage, s’abandonne à l’alcool. Sa sœur fuit cette ambiance en sortant tous les soirs et consomme de l’ectasie. Son petit frère s’est replié sur lui-même. Yann ne sait plus où il en est et a besoin de se sentir vivre.

Les mots sont justes et très évocateurs de la souffrance à laquelle est en prise le jeune adolescent. Les réactions et les situations sont finement choisies et sont livrées telles quelles, sans complaisance et sans être jugées. La mise en page est dynamique, le trait soigné et réaliste. Dérib s’est autant investi dans la réalisation de cet album (édité à l'origine par la Fondation pour la vie) qu’il le fait dans les Buddy Longway ou les illustrations des Yakari. Il fait partie de ces auteurs à la fibre humaniste qui donnent de leur talent et de leur temps pour défendre une cause et affiner la réflexion et le regard de celles et ceux, prompts à condamner, qui oublient un peu vite de regarder ce qui a pu se passer en amont d' actes répréhensibles. Mais aussi pour tendre la main aux êtres qui, à un moment donné, souvent en pleine adolescence, ne savent plus en quel avenir croire, à quoi se raccrocher, partent à la dérive, et leur montrer que rien n’est ni définitif, ni forcément inéluctable.
Que No limits ait été réédité est une bonne nouvelle : s’il était épuisé c’est qu’il a été lu. Il mérite une attention particulière, le problème qu’il aborde étant toujours d'actualité.

Un ouvrage d’utilité publique, pédagogique et concis, qui invite à l’espoir et à la tolérance, à mettre en évidence dans les toutes les librairies, toutes les bibliothèques, et tous les CDI.



A lire, du même auteur et dans la même veine, Jo, qui parle du sida, et Pour toi Sandra, de la prostitution.

Moyenne des chroniqueurs
7.0