De bruit et de fureur 1. Shakespeare
1605 ! James 1er a succédé à Elisabeth 1ère et peine à faire l’unanimité parmi ses sujets, à tel point que certains en viennent à conspirer. Un certain William Shakespeare est du nombre et, comble d’ironie, il est amené à s’enquérir de la disparition d’un membre de sa troupe, bagarreur notoire et espion patenté qui était sur le point de rendre publics ces noirs desseins envers la couronne
L’actualité de Philippe Pelaez frôle le stakhanovisme car en moins d’un mois, il signe déjà rien moins de quatre albums. Pour l’occasion, il s’associe à Éric Liberge sur ce premier volet de Bruit et de fureur, prévu en 3 actes.
Au fil des lectures, il apparait que Philippe Pelaez, malgré la diversité des styles auxquels il s’adonne, développe une constante : des scénarios bien ficelés qui s’avèrent souvent exigeants : Shakespeare en est l’illustration. S’inscrivant dans la trame historique et littéraire de l’époque, il prend pour prétexte la biographie en clair-obscur du dramaturge anglais afin de développer un script à mi-chemin entre récit historique et thriller fantastique. Le fil du récit est intriqué et les jeux de miroirs comme les faux-semblants mettent, au fur et à mesure que l’auteur de Macbeth glisse dans une paranoïa méphistophélique, l’attention du lecteur à rude épreuve. À l’unisson du propos, le dessin réaliste d’Éric Liberge est sombre, tourmenté voire étouffant. Son "jeu des lumières" renforce la dramaturgie d'un album dans ce qui pourrait être - toute proportion gardée - une forme de mise en abime de l’œuvre shakespearienne.
Dense et théâtral, ce premier opus d’un triptyque annoncé s’avère aussi exigeant que prenant !
6.0