La route (Larcenet) La Route

L ’enfant grelotte, mais il ne dit rien, ou si peu, confiant en celui qui le guide dans cette immensité où les feux de l’apocalypse n’ont laissé que des cendres. Chaque matin, il faut repartir, avancer, éviter le genre humain, tout en espérant des jours meilleurs, à jamais révolus...

Il est des adaptations plus risquées que d’autres ! Alors en ces temps où le 9ème art se cherche un nouveau souffle à travers la littérature, pourquoi ne pas s’attaquer à La route ? Quitte à chuter, mieux vaut que cela soit d’un sommet !

L’ouvrage de Cormac McCarthy, récipiendaire du prix Pulitzer 2007, n’est certainement pas l’un de plus faciles à reprendre. Si, de prime abord, son aspect graphique semble des plus aisés à reproduire sur papier, il en est différemment de la temporalité qu’il égrène ! Les règles de la bande dessinée étant ce qu’elles sont, Manu Larcenet choisit la dynamique du scénario et privilégie les moments de rencontre, ceux où l’Homme et l’Enfant sont confrontés à leurs semblables, ceux où leur Humanité vacillante tente de subsister face à une Primitivité renaissante. Graphiquement, il n’y a rien à dire, même sur l’édition standard où l’auteur de Thérapie de groupe se risque à quelques touches de normes de couleurs. Toutefois, il manque l’essentiel : la monotonie d’un quotidien qui se répète, celle de la quête, jour après jour, d'un semblant de gîte ou d'ersatz d’un repas, celle de ces heures de pluie qui succèdent aux journées de neige, celles de ces aubes froides qui supplantent des nuits glacées… Malgré tous ses efforts, l’album ne peut, même dans ses ellipses, faire état de cette atemporalité qui pèse sur le best-seller de l’écrivain américain et lui donne toute sa puissance !

Sans le singer, le plagier, le copier, ni même tenter de l’illustrer, Manu Larcenet se sort plus qu'honorablement de l'adaptation de ce roman si particulier qu'est La route, du moins suffisamment pour continuer à tracer la sienne !