Escobar - Une éducation criminelle

L es grands criminels exercent une certaine fascination qui n'échappe pas au neuvième Art. Juan Pablo Escobar, fils du célèbre narcotrafiquant, y poursuit les déclinaisons de son ouvrage biographique Mon père, paru en 2019.

Avec un regard à la fois bienveillant et empreint d'une certaine nostalgie, Juan Pablo revient sur ses jeunes années passées avec ses "nounous tueuses". En effet, certains hommes de mains d'Escobar étaient chargés de l'éducation de Juan ! Une enfance hors normes et non exempte de séquelles, dont il livre quelques bribes.

Le trait de l'artiste espagnol Alberto Madrigal, ainsi que le choix des couleurs apportent une dose d’aseptisation au contenu de la bande dessinée. Il parvient à donner un aspect guignolesque aux faciès des différents personnages, renforçant leurs expressions parfois stupides, parfois sadiques. Ils frisent autant le ridicule qu'ils peuvent être dangereux, agissant comme en miroir de l'ambiance générale du livre. Les lecteurs iront du rire à l'effroi à de multiples reprise, selon un savant dosage, qui sert de colonne vertébrale à l'album. Régulièrement témoin de situations délirantes, violentes, pour ne pas dire abracadabrantesques, comme celle qui ouvre l'album, le garçon restitue une forme de vision tendre et imprégnée d'une certaine nostalgie de l'époque, sans pour autant être dupe. La construction du récit évite la narration chronologique classique, au profit d'un récit axé sur l'action qui sert de fil conducteur depuis l'ouverture, la présentation des différentes nounous fournissant des "respirations". Cette astuce scénaristique est bien trouvée. Elle rend la lecture plus intense et plus intéressante.

Escobar une éducation criminelle est un album tout aussi déroutant que plaisant à lire. Il fera le bonheur des aficionados des Narcos.

Moyenne des chroniqueurs
6.0