The nice House on the Lake 1. Tome un

- Tu l'imagines comment, toi, la fin du monde ?
Par cette question, à la fois bizarre et simple, Walter a désarçonné Ryan lors de leur première rencontre. C'est presque deux ans plus tard, que la jeune femme, logée dans une superbe villa pour l'été en compagnie des amis de cet étrange homme, prendra la mesure réelle de cet échange et de ses conséquences.

Scénariste prolifique et régulièrement mis en avant depuis quelques années, James Tynion IV (Something killing the children, Départment of Truth) aime les histoires fantastiques à tendance horrifique. Pour sa maxi-série avec Álvaro Martinez (dessins) et Jordie Bellaire (couleurs), l'auteur évite de se répéter et fait dans l'originalité. Par son point de départ accrocheur tout d'abord : une somptueuse maison qui servira de cadre à un huis clos dans lequel un large groupe de personnes va assister à l'impensable, impuissant et, comme le lectorat, essayer de comprendre ce qui se passe. Comment, pourquoi, quel est le rôle de chacun, est-ce que tout est bien réel ? Les questions se multiplient, pourtant l'immersion est rapide et la curiosité vite piquée.

Toutefois, une bonne idée ne suffit pas à faire une bonne BD et pour s'assurer cette réussite, la narration du trio est parfaitement maitrisée. Un trait réaliste, une colorisation qui appuie les ambiances sans les étouffer, une mise en page claire ponctuée de splendides doubles pages ou de copies d'écran judicieuses. Chaque chapitre est introduit par une scène du futur dans laquelle un des protagonistes brise le quatrième mur pour apporter des informations au public. Si les premières pages laissent à penser à une complexité artificielle et superflue, il n'en est rien. Petit à petit, tous les éléments se mettent en place et les révélations arrivent selon un bon tempo. Cette construction, qui sort de l'ordinaire, déroute autant qu'elle séduit tant la tension et les moments intimes qui permettent de caractériser les protagonistes sont bien dosés. Ainsi, l'ensemble se tient tandis que le suspense ne fait que croître jusqu'à l'ultime séquence. Un écueil ? Peut-être un manque de lisibilité sur certains visages parfois difficilement reconnaissables au premier regard mais rien de rédhibitoire.

Ces six premiers chapitres font de The Nice house on the lake une réelle réussite. Malin, inquiétant, captivant et joliment mis en scène, le récit de James Tynion IV et de Álvaro Martinez est assurément une des sorties de ce début d'année 2023. Rendez-vous est pris pour le second volet attendu fin mars.

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Moyenne des chroniqueurs
8.0