Les reines de sang - Boudicca, la furie celte 1. Volume 1

E n 55 avant Jésus-Christ, la tentative d’invasion de l’île de Bretagne par Jules César tournait à la catastrophe pour les Romains, avant que quelques pâles victoires n’amènent certaines tribus côtières à négocier la paix contre un tribut. Depuis, les échanges commerciaux profitent aux deux côtés. Boudicca, fille du chef des Icènes, peut ainsi se parer des plus belles étoffes du Latium pour honorer son rang et sa fonction de prêtresse d’Andrasta, déesse de la guerre. Pourtant, au printemps 42, elle perçoit un changement. De fait, à des milliers de lieues, l’empereur Claudius a décidé de renforcer son assise en s’offrant une victoire militaire. Il dépêche son bras droit et des légions en terre bretonne. L’équilibre fragile brisé, l’écho des armes va dès lors résonner, forçant chacun à prendre parti.

Héroïne britannique, Boudicca (vers 30 – 61), également nommée Boadicée, rejoint ses consœurs dans la galerie des Reines de sang. Figure décrite par les historiens latins Tacite et Dion Cassius, elle doit sa popularité au Royaume-Uni aux souveraines Elisabeth Ier et Victoria qui l’ont érigée en modèle. Bien que les données historiques concernant ce personnage restent assez minces, Philippe Nihoul (Les ombres de la Sierra Madre, Snuff) s’empare du destin de cette femme pour lui consacrer un triptyque, mis en image par Fabio Mantovani (Béllérophon et la Chimère), avec lequel il a déjà collaboré sur Tseu-Hi, la Dame dragon).

Dans ce premier volet, le scénariste prend le temps de poser le contexte des événements qui vont conduire, par la suite, à la révolte de la princesse celte. De ce fait, le récit alterne entre les séquences se déroulant dans la Ville éternelle ou dans le camp des légionnaires et celles qui voient évoluer la future rebelle et son entourage. Bien que le rôle de Boudicca reste encore en retrait – au côté de ses père et mari -, ses quelques interventions soulignent les différences par rapport à la condition féminine dans les deux civilisations. Cela permet également, par le truchement des péripéties, d’en apprendre davantage sur certains aspects, comme le druidisme. Les autres protagonistes – des chefs romains aux opposants bretons - sont, par ailleurs, bien exploités par l’auteur. En outre, pour renforcer l’immersion, celui-ci a choisi de conserver en latin les noms des Romains, ainsi que les ordres reçus par les militaires.

Fabio Mantovani apporte un soin particulier dans la représentation de cette fresque historique. En effet, il joue avec les cadrages et les plans pour entrainer au cœur des scènes de bataille (navale ou terrestre) ou placer le lecteur en observateur attentif. Son trait réaliste se révèle expressif et caractérise au mieux les nombreux acteurs. Les couleurs sont au diapason, créant des atmosphères singulières en adéquation avec le climat et la topographie des lieux.

Boudicca, la furie celte ouvre de manière convaincante la saga d’une nouvelle femme de tête que l’amateur du genre aura plaisir à découvrir.

Moyenne des chroniqueurs
6.0