La chevaleresse

H éloïse rêve de devenir chevalier. Cependant, pour une fille, et noble de surcroît, cela n’est pas gagné, même si la donzelle présente de sérieuses dispositions. Alors, quand elle rencontre Armand à un bal et qu’il lui confie n’être guère enclin au maniement des armes, une idée germe. Une alliance pourrait les libérer l’un et l’autre du fardeau de leurs obligations respectives. C’est ainsi qu’Héloïse endosse l’armure de son fiancé pour suivre son entrainement, pendant que lui s’adonne à sa passion pour le dessin. Mais la guerre frappe bientôt à la porte du binôme sous la forme d’une convocation royale qui compromet la supercherie.

Le genre et la condition liée au sexe constituent la base du nouveau récit concocté par Elsa Bordier (La grande Ourse, Léonie et le scarabée). Sur une toile de fond médiévale, l’autrice développe des thèmes qui traversent les époques et trouvent, évidemment, un écho aujourd’hui. Destinée au public jeunesse, l’histoire présente des similitudes avec Peau d’homme d’Hubert et Zanzim. Mais la trame est, ici, simplifiée, afin d’adapter le propos aux bédéphiles juniors.

Volonté de vivre ses aspirations et dénonciation tant des préjugés que de la violence à petite ou grande échelle forment le cœur d’une intrigue plutôt bien menée. Cette-ci invite d’ailleurs à la tolérance et à l’acceptation de l’autre, quels que soient son statut social, son origine ou ses inclinaisons. Pour raconter cela, la scénariste s’est appuyée sur des personnages qui pourraient paraître un peu stéréotypés. Ainsi, l’héroïne pleine de hardiesse est confrontée à l’étroitesse d’esprit d’un entourage adverse qui manque sans doute de nuance. Toutefois, sa naïveté s’efface au fil des embûches qu’elle doit surmonter. De même, son promis, d’abord assez falot, prend de l’épaisseur en cours d’album.

La partie graphique a été confiée à Titouan Beaulin, qui signe-là sa première BD. Son trait lâché semble tout juste ébauché, mais capture l’essentiel : les émotions des protagonistes. Grâce à un découpage et à des cadrages ajustés avec soin, le dessin propose également quelques belles séquences. Quant à la mise en couleur, ses couleurs en aplat aux teintes passées se marient bien avec l’ambiance générale.

Quel est le féminin du "chevalier" ? La Chevaleresse, pardi ! Une bande dessinée, positive et un brin féministe, qui offre une jolie leçon de choses aux jeunes lecteurs.

Moyenne des chroniqueurs
6.0