Louisiana 3. La couleur du sang

L a guerre de Sécession est terminée. Les Afro-Américains sont affranchis, les tensions sociales demeurent toutefois vives. Alors que les employés doivent dorénavant être payés, les planteurs prospèrent difficilement. Jean, héritier d’une parcelle, a eu deux enfants : Lazarre avec une esclave, puis un second, Louise, avec une métisse d'ascendance respectable. Le premier est très foncé, alors que sa demi-sœur affiche un teint caucasien. Leurs destins seront bien différents. Ce troisième tome de Louisiana, La couleur du sang complète la saga d’une famille Française établie en Nouvelle-Orléans.

L’exercice du pouvoir se veut au cœur du projet de Léa Chrétien. Bien que la scénariste discute abondamment de racisme, il est surtout question de l’émancipation des femmes. Ces dernières tirent d’ailleurs toutes les ficelles, alors que leurs maris sont systématiquement dépeints comme des êtres faibles, violents et dépravés. Les personnages féminins ont plus de profondeur, notamment Laurette, la matriarche, dont l’âme se dévoile moins pure qu’elle ne le semblait au départ. Sa petite fille, malgré de nobles intentions, tourne le dos à son clan.

Au final, au-delà des bonnes paroles de ses protagonistes, l’autrice démontre que tous font preuve d’égoïsme et sont prompts à oublier leurs principes si cela leur permet d’atteindre des objectifs personnels. Le dénouement, particulièrement réussi, révèle toute l’hypocrisie de la société américaine où la discrimination continue de sévir.

Gontran Toussaint propose un dessin réaliste de belle qualité et soigne des décors. Il arrive cependant que l’aspect de ses acteurs varie d’une case à l’autre ; un visage paraît soudainement rond, alors qu’il ne l’est généralement pas. Il est également difficile de comprendre comment l’héroïne, représentée avec un teint foncé, arrive sans mal à passer pour une blanche.

Une fresque à grand déploiement sur une structure sociale amorçant une vaste transformation.

Moyenne des chroniqueurs
7.0