Le jardin des Fées 1. Bergère des fées

Q uelque part en Normandie, le Château de la Crapaudine est l’un de ces domaines provinciaux à l'élégance discrète et au charme mystérieux. Au premier coup d’œil, Lucie est conquise par les lieux, mais reste perplexe : l’accueil de son oncle maternel dénote une forte contrariété, estompant la courtoisie de son épouse, Rose. Puis, il y a cette marque étrange sur l’un des murs, cette gouvernante déplaisante et aussi ce jardin que la jeune fille semble être la seule à apercevoir. Ces bizarreries sont peut-être ce que sa mère souhaite qu'elle élucide. Au même moment, à l’abri des regards humains, une ruche de fées s’inquiète de son avenir. Parmi ces créatures, Marigold croit qu’il est possible de trouver un refuge, avec ou sans un de ces guides légendaires appelés "Berger".

Après leur collaboration sur Princesse Sara (Soleil), Audrey Alwett (Le Grimoire d’Elfie, Sweety Sorcellery, Zoé, baby-sitter, etc.) et Nora Moretti se retrouvent autour du Jardin des fées, un diptyque qui fleure bon le merveilleux.

Comme elle l’a expliqué dans une interview, la scénariste a puisé son inspiration dans son interprétation personnelle d’un roman de F. H. Burnett, Le Jardin secret, et dans l’affaire de Cottingley qui avait secoué l’Angleterre des débuts du XXe siècle avec ses photos de créatures féériques. Elle y a saupoudré un zeste de poésie naturaliste à la Beatrix Potter et a inclus une bonne dose de mystère. Ainsi doté, le premier tome ouvre une enquête aux accents fantastiques qui s’avère vite accrocheuse et bien menée. Les présentations rapidement effectuées permettent de cerner les protagonistes, tout en glissant des indications sur les événements étranges qui se déroulent à la Crapaudine. Le récit comporte également une dimension initiatrice : Lucie découvre l’univers des fées, ainsi que leurs pouvoirs. Ce dernier aspect tourne autour de plusieurs règles qui régissent les relations entre humains et êtres magiques ; code révélé à travers les pages jaunies rédigées par le précédent "Berger" qui sont intercalées dans l’intrigue et renforcent l'immersion.

Par ailleurs, l’histoire doit beaucoup aux illustrations de Nora Moretti et aux couleurs de Cytros Treb, tout en élégance et en fraîcheur. Le trait est délicat autant qu’expressif et donne vie à une galerie d’acteurs, dont les remarquables hôtes de la ruche à laquelle appartient la juvénile Marigold. Un soin particulier est apporté aux tenues dans le style Belle Époque, ainsi qu’aux nombreux détails des décors.

Dessin charmant et intrigue nimbée de fantastique font de Bergère des fées un album agréable à lire et donnent envie de connaître la suite.

Moyenne des chroniqueurs
7.0