Sandman : The Dreaming 2. Tome 2

À la fin des années quatre-vingt, paraissaient les premières planches de The Sandman, qui reste à ce jour un chef-d’œuvre du genre. Pour célébrer le trentième anniversaire de cette série mythique, l'éditeur américain DC a lancé plusieurs nouvelles séries dérivées, confiée à différentes équipes créatives (The Dreaming, Lucifer, The book of Magic et House of Whispers). Un one-shot, The Sandman Universe, sert d'introduction commune. Neil Gaiman n'y joue qu'un rôle de superviseur.

Urban Comics n'a, pour l'instant, traduit que The Dreaming, qui se situe dans la continuité directe de Veillée Mortuaire/The Wake, qui marquait l'avènement de Daniel comme le nouveau Maître des Rêves. Ce dernier a mystérieusement disparu. Son absence déstabilise son domaine, qui commence à se désagréger. Des failles béantes déchirent le ciel. Des créatures humanoïdes dépourvues d'esprit apparaissent. L'inquiétude monde chezle peuple du Songe.

Très vite, il est évident que Simon Spurrier, qui est aux commandes de l'histoire, est un connaisseur de l'univers. Il se l'approprie directement et c'est avec plaisir que le lecteur retrouve Marv', Lucien, Matthew et quelques autres personnages emblématiques. Les nouveaux protagonistes, à commencer par la mystérieuse Dora, sont, en général, cohérents avec l'ensemble.

Pourtant, le début se révèle extrêmement laborieux. Le premier chapitre servant de rampe de lancement à quatre séries différentes, dont trois restent inédites en français, les entames d'intrigues qui restent sans suite représentent une source légitime de frustration. Ensuite, le changement de ton pose un vrai problème. L'une des forces de la série tenait à cette ambiance étrange et éthérée qui donnait à l'ensemble la consistance vaporeuse des rêves, lorsqu'ils se défont au lever du jour. Dans ce nouvel arc, la narration repose trop sur l'action et les rebondissements, n'arrivant que trop rarement à retrouver cette qualité fantasmatique qui la rendait unique. Ce défaut tend parfois à se corriger dans la deuxième partie. Par exemple, un chapitre très réussi renoue avec la poésie empreinte de nostalgie typique de l'original. Des entités légendaires de seconde zone y font face à l'oubli. Elles se retrouvent dans des réunions de soutien, genre "alcooliques anonymes", pour parler de leur angoisse de disparition, avant de céder la salle aux groupe de cancéreux, sans savoir si elles seront toutes au rendez-vous la prochaine fois. Malheureusement, ces quelques beaux moments ne font pas oublier une intrigue assez peu convaincante.

Il convient malgré tout de saluer le travail de Bilquiss Evely, qui parvient à donner corps aux éléments les plus fous de ce monde fantasmatique. Son style plus réaliste apporte une touche de modernité à l'ensemble et une cohérence visuelle bienvenue. Elle se montre très à son aise pour représenter les créations les plus absurdes.

Le constat reste très mitigé. Si ce retour se révèle plutôt respectueux dans l'esprit, l'absence de Neil Gaiman se ressent indubitablement. Les compétences et la bonne volonté de l'équipe créatrice en charge ne suffisent pas. L'impression qui domine est celle d'une vision simplifiée, affadie et largement dispensable.

Moyenne des chroniqueurs
5.0