Une histoire populaire de la France 2. Des gueules noires aux gilets…

A utomne 2018, aux six coins de l’Hexagone, des manifestants arborant le gilet jaune manifestent aux ronds-points ; ils sont les héritiers d’une longue tradition de grogne prolétarienne. Une histoire de la France populaire rappelle ces mouvements du peuple ; ce deuxième tome commence avec les gueules noires des années 1870 et se termine au XXIe siècle. Pendant ces cent cinquante ans se sont succédé des relations coloniales tendues, des migrations parfois difficiles, des ouvriers mécontents et des étudiants révoltés.

Lisa Lugrin et Clément Xavier font œuvre de vulgarisateurs. Leur livre prend la forme d’une conférence prononcée par le dynamique Gérard Noiriel, un historien spécialiste de l’immigration et du monde ouvrier. Le contenu est riche, mais un tantinet pointu. Pour s’assurer qu’il demeure digeste, les auteurs saupoudrent une dose d’humour ; le propos demeure sérieux, mais le ton se révèle badin. Les segments, relativement courts, favorisent une lecture morcelée et contribuent eux aussi à rendre l’ensemble convivial.

Les scénaristes ont tendance à tout percevoir à travers le prisme des tensions raciales : les immigrants jugent que la société ne reconnaît pas leur contribution à sa juste valeur, tandis que les Français de souche grognent contre ces voleurs d’emplois venus d’Italie, du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne ; sans oublier les profondes cicatrices de la colonisation en Asie et sur le continent noir.

Les droits des travailleurs, des femmes et des homosexuels sont également abordés, peut-être un peu rapidement. Un exemple parmi d’autres : les événements de mai 1968 occupent une poignée de pages, alors qu’ils ont profondément marqué le pays.

Alain Gaston Rémy met son dessin semi-caricatural au service du projet qui, quoiqu’avant tout didactique, reste léger. Les personnages surjouent juste et les décors, chargés de détails, enrichissent le discours.

Un ouvrage bien documenté pour découvrir une autre version de l’histoire de la France. À lire un chapitre à la fois.

Moyenne des chroniqueurs
6.0