Procrastination écologique

M aïté Robert, Parisienne juste trentenaire (vraiment à peine) et quasiment bobo (en plein dedans, mais sans le budget) vous accueille dans son petit monde. Un amoureux, un chat, une poignée d’ami.e.s et, un peu plus loin, des parents à la campagne. Cela fait maintenant près de dix ans que la jeune femme a connu un éveil environnemental. La planète va mal, la pollution atteint des records et la surconsommation effrénée va finir par l’étouffer si la tendance continue. Quelle angoisse ! Comment peut agir le simple citoyen pour face à ce défi ? La première leçon, arrêter de tout remettre à demain et accepter de changer une ou plusieurs éléments de sa routine quotidienne. Les petits ruisseaux font les grosses rivières, à chacun d’entre nous de faire en sorte qu’aucun bout de plastique ne souille leurs eaux.

Positive attitude, autodérision et optimisme (dans la majorité des cas) guident Procrastination écologique, recueil de chroniques dessinées parues dans Matin !, la revue numérique des éditions Dargaud. Sous la forme d’un cheminement personnel, l’autrice propose des trucs et des astuces afin d’être plus vert.e dans le cadre d’une vie urbaine, connectée et constamment assaillie par les tentations et la pression sociale des agences de marketing.

Une lecture à la mode d’aujourd’hui, fruit d’un mélange entre Les conseils de tante Maïté et d’un Marabout flash© en papier recyclé ? Heureusement, l’ouvrage ne se résume pas à cet unique postulat pratico-pratique. Robert se met en scène, parle aux lecteurs et n’hésite pas à pointer ses propres errances et faiblesses, sans asséner de leçon de morale (même si ses potes pourraient se bouger un peu plus). À la place, un généreux plaidoyer, enlevé et plein d’humour mettant le doigt sur nos inconsistances dans nos activités et choix de tous les jours. C’est entendu, trier ses déchets, manger végétarien ou choisir la bicyclette une fois de temps en temps ne sauvera pas la banquise à eux seuls. Par contre, ces gestes anodins ont de multiples effets bénéfiques, tant sur l’individu que sur la société : faire partie d’un tout, se sentir concerné ou, plus prosaïquement, aider les services municipaux, par exemple. Peu importe que ce soit pour soi-même, le porte-monnaie ou la communauté. C’est là, au cœur de la population, que de meilleures habitudes de consommation doivent s’implanter pour le long terme.

Il y a quinze ans, ces pages auraient été tirées d’un blog, aujourd’hui, c’est d’une publication instagram©. Si les plateformes changent, l’allure libre et un peu foutraque reste identique. Rythme soutenu façon strips, trait direct, incrustations de photographies de l’artiste en situation et jolies couleurs acidulées, cet album est à l’image de son époque : rapide, concerné et parfois un peu facile ou superficiel. Pour autant, une vraie écriture est palpable. L’ensemble s’avère très bien construit et joliment mis en scène, running gags y compris.

Oui, il est possible d’être très drôle en parlant d’environnement et, non, ce n’est pas difficile d’être un peu plus vert (ou verdâtre chez les moins motivés/délurés). Rien que pour ce constat, Procrastination écologique est une lecture intéressante et louable.

Moyenne des chroniqueurs
6.0