Sirocco

E n asséchant l’une et en noyant l’autre, le sirocco est le lien qui unit la Sicile à Venise ; accessoirement, il donne aussi son nom au bar où Gianni, Mia et Elsa se retrouvent.

Initialement publié chez la maison milanaise Bao Publishing il y a un an, Sirocco est le dernier roman graphique paru en France de Giulio Macaione.

De l’aveu même de son auteur, cet album - en lui permettant de mettre des mots comme des images sur une angoisse qui longtemps l’a étreint - possède une valeur cathartique. Il est ainsi l’occasion de faire le point sur ce que chacun enfouit généralement au fond de lui pour vivre. Mais vivre, ce n’est pas exister ! Vivre ne se réduit pas à se sacrifier au bonheur des autres, c’est aussi assumer le sien, quitte à susciter l’incompréhension autour de soi. Elsa est malade, malade de ne plus pouvoir sculpter, malade d’être seule, malade d’empêcher son fils et sa petite fille de poursuivre leurs envies. Alors lorsque la récidive est là, encore plus agressive, Elsa va changer de combat. Désormais, elle veut en finir comme elle l’entend, même si pour cela elle fait souffrir ceux qui lui sont le plus chers : leur "liberté" est à ce prix !

Alliant un graphisme dense et réaliste à une belle gestion de la couleur, Sirocco est un récit intimiste à la sensibilité profonde et discrète. Œuvre hybride par le format qui rappelle celui des comics, par le dessin qui n’est pas exempt de tentations orientales et par le traitement quasi cinématographique de nombreuses séquences, cette histoire surprend également par la profondeur de ses dialogues (ou leur absence) qui laisse à penser qu'ici, tout n’est pas que fiction.

Alors, même si le final peut apparaitre un rien convenu, il ne saurait faire oublier la sincérité des sentiments exprimés et l’émotion qui transparaît au cours des deux cent deux pages.

Moyenne des chroniqueurs
7.0