Venise (Aón/Farías) Venise

A vant de mourir, Gringa voudrait aller à Venise pour tenter de revoir Giacomo qu’elle a aimé puis trahi. Mais la vieille mère maquerelle oublie que depuis Jujuy, charmante bourgade argentine perdue à la frontière de la Bolivie et du Chili, un tel voyage relève de l’épopée. Qu’à cela ne tienne ! Comme la tenancière est aveugle, ses filles vont gentiment la mener en bateau, disons en gondole… et lui préparer un périple imaginaire dans la légendaire cité lagunaire.

Oneshot de Carlos Javier Aón et d’Alejandro Farías d’après la pièce de théâtre éponyme de Jorge Accame créée en 1998, Venise risque de rester confinée aux cercles des amateurs de culture latino-américaine. Certes, ce récit s’appuie sur un succès qui a fait la renommée de son créateur dans toute l’Amérique du Sud, mais dont il est quasiment impossible de visionner une version en français (à l’exception probablement de celle de la troupe du Théâtre du Rideau Vert de Montréal !) ce qui limite singulièrement la possibilité de s’immerger dans l’œuvre lorsque votre espagnol est des plus balbutiants ! Ceci dit, l’histoire en elle-même est gentille et les personnages s’avèrent attachants de naïveté alors même que leur vie est des plus rudes dans cette contrée loin de tout et de tous. Toutefois, il en faut plus pour donner de la consistance à cette bande dessinée et ce n’est pas le trait figuratif et gentiment caricatural de Carlos Aón qui viendra y changer quelque chose.

Même si elle aborde avec humour le quotidien de ce bordel de province tout en traitant de sujets profonds comme la mort, les rêves déchus et les occasions perdues... cette comédie douce-amère, sous sa forme dessinée, manque de magie et de pétillance pour véritablement convaincre.

Moyenne des chroniqueurs
5.0