Histoires de guerre (Pelaez) 2. Bagnard de guerre

E lle lui a fait de l'œil et l'a rasé de près, la Camarde. Du coup, il fait moins le fier maintenant, Ferdinand. Quant à son pinard, il peut tourner vinaigre que ça ne lui fait plus ni chaud ni froid sous le cagnard des îles. Et oui, en récompense à son acte héroïque face aux boches et pour avoir simulé une blessure à la guibole, le charlatan de profession a échappé de peu à une exécution martiale. Il se retrouve, oh peuchère, condamné à une peine «légère» au bagne de Cayenne pour huit ans. Huit ans ? Autant dire une éternité dans l'Enfer vert…

Ce deuxième tome constitue un prolongement direct de Pinard de guerre. Les couvertures se font écho : même position plus que délicate pour le héros mais des lieux différents, quoique… Le sifflement des balles fait place aux bourdonnements de moustiques et la pression des fusils à la menace des crocodiles mais, ce qui demeure, c'est la présence de l'ennemi. Il a certes changé de visage, ce ne sont plus des Allemands mais des gardes chiourme, des huiles en mal d'autorité ou des détenus avides d'argent, de chair fraiche ou de vengeance. Parmi ces prédateurs, qui est le pire ? Le lecteur retrouve le personnage principal avec un certain plaisir coupable car Tirancourt est un salaud. Pourtant, un homme qui aime le ballet ne peut pas être foncièrement mauvais, non ? Face à cette cette nouvelle épreuve, il apparait plus humain, en effet, l'objectif n'est plus de gagner sa vie mais de la sauver. Le scénario est toujours aussi noir et violent, avec un sans faute en matière de gestion du suspense et des péripéties. L'ambiance se révèle lourde comme l'air moite de la jungle-prison.. Les esprits restent néanmoins affutés ; il y a intérêt ! Les seconds couteaux de tous bords sont bien dépeints et enrichissent l'intrigue classique et efficace.

Francis Porcel sait s'adapter : après la poudre, la boue et la grisaille, il offre le plomb du soleil avec ses ocres, les verts de la végétation et des violets de la nuit. Sans surprise, l'artiste propose une belle régularité dans son dessin en croquant ses sales trognes et détaillant ses décors.

Philippe Pelaez offre une excellente suite à Pinard de guerre, cohérente et surprenante à la fois.

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Moyenne des chroniqueurs
6.7