Filles uniques 2. Céleste

Ting ! Un nouveau message arrive sur le téléphone portable de Céleste. Craintive, elle le consulte et s’assombrit. Ting ! Ting ! Ting ! Ça n’arrête pas, de jour comme de nuit. Les mots reçus étrillent, blessent, rabaissent l’adolescente. Enfermée chez elle ou dehors, c’est pareil. Devant le bahut, deux bourreaux l’attendent pour se moquer d’elle. Ting ! Encore un texto pour lui dire qu’elle est nulle… La jeune fille finit par y croire, se renferme, se tait. Qui pourrait l’aider ? Ses copines du « club des mal barrées » ? Vraiment ? Peut-être ? À cinq, elles seront plus fortes pour affronter la vérité. Ting !

Succédant à Paloma, la très effacée Céleste devient le centre de l’attention autour d’une thématique moderne et d’importance : le harcèlement, qu’il soit cyber ou non. Victime désignée avec ses vêtements vieillots et ses cheveux qui lui tombent sur les yeux, la damoiselle est prise dans le piège d’une violence verbale et psychologique d’autant plus facile à mettre en place pour ceux qui la maltraitent qu’elle n’ose pas élever la voix, se murant dans son silence et sa solitude. Tant l’écriture de Béka que la mise en image de Camille Méhu restituent avec justesse la manière dont la résistance de l’héroïne est grignotée progressivement jusqu’à la plonger dans des affres terribles. Le propos montre bien également que ces intimidations s’immiscent et ternissent même les moments où Céleste se trouve en bonne compagnie. Grâce à la solidarité du groupe d’amies et aux recherches menées de main de maître par Chélonia et Apolline, la vérité finit par tomber, glaçante. Il est néanmoins dommage que le lecteur attentif puisse la sentir venir. Quoique focalisé sur un des personnages, le récit dispense quelques informations sur le devenir de la rebelle au centre du premier album, et amorce déjà le focus qui sera porté sur Sierra. Le graphisme typé manga se révèle agréablement expressif et la colorisation parfaitement adaptée. En effet, le choix de représenter en teintes grises les pensées négatives envahissantes chez la principale protagoniste tranche et rend le malaise d’autant plus palpable.

Ce deuxième opus de Filles uniques s’inscrit dans la continuité du précédent volet. Rendez-vous est pris pour la suite.

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Moyenne des chroniqueurs
7.0